BMCR 2012.03.11

Ovid: Amores III. A selection: 2, 4, 5, 14

, , Ovid: Amores III. A selection: 2, 4, 5, 14. London: Bristol Classical Press, 2011. 96. ISBN 9781853997457. $23.00 (pb).

Ce petit ouvrage se veut une aide pédagogique destinée à la fois aux étudiants et aux enseignants de poésie latine dans le cadre de l’OCR AS level (programme de 2012-2014) dont les exigences allient maîtrise de la langue (version), connaissance de l’œuvre et des techniques littéraires et capacité à réagir face à un texte. Il s’organise autour d’une introduction générale aux Amores d’Ovide, suivie d’une présentation des poèmes 2, 4, 5 et 14 du livre III, objets de l’étude, du texte latin (sans apparat critique ni mention de l’édition suivie) et se termine par un appendice (texte de 2. 19 en traduction) et une liste de vocabulaire latin (destinée à compléter celle fournie par le GCSE syllabus, consultable sur internet, http://www.wilsonsschool.sutton.sch.uk/dept/classics/latin/year11/gcsesyll/gcsesyll.html). Il s’agit donc d’un « point de départ pour le lecteur » désireux de construire « sa propre compréhension » du texte (préface, p. 7).

La présentation d’ensemble esquisse les caractéristiques de l’élégie érotique latine, puis procède à quelques rappels biographiques et poétiques concernant Ovide et ses Amores. L’accent est mis à juste titre sur l’élaboration stylistique et l’humour de ce poeta doctus parfaitement maître de ses moyens. La sommaire bibliographie qui suit chaque moment (entre une et trois références) propose des ouvrages relativement anciens (mis à part un article de J. Ingleheart de deux pages, paru en 2006…) mais ne mentionne pas la synthèse de Katharina Volk ( Ovid, Wiley-Blackwell, Blackwell Introductions to the Classical World, Chichester, 2010, 147 p.), monographie récente de qualité qui constitue une aide précieuse à la fois pour des étudiants et des enseignants. Les notes, de nature essentiellement grammaticale, qui accompagnent le texte sont parfois extrêmement basiques (comme le rappel, p. 51, que Urbis avec une majuscule « signifie Rome »), alors que d’autres éléments, susceptibles d’aider à la compréhension de l’œuvre sont négligés. Par exemple, le commentaire de sustinuisse ( manibussuis), au v. 30 de l’élégie 2 (p. 34), se réduit à une remarque technique (valeur du parfait et transcription en anglais), mais ne précise pas la dimension sensuelle de l’expression ( caresser, traduction Bornecque, CUF) et n’indique pas le parallèle avec 2. 4, v. 22 ( sustinuisse femur, avec la même valeur érotique) ; cela aurait permis d’enrichir le jeu d’échos présenté dans l’introduction (avec 2. 2 et surtout 2. 19), d’autant plus que ce poème (v. 5) pointe subrepticement vers Catulle ( carmen 85) sur lequel Ovide brode en 3. 14. De même, les vers 23-24 de l’élégie 4, consacrés à la chasteté de Pénélope malgré les assauts des prétendants, auraient mérité une remarque, Ovide adoptant ici la version traditionnelle du mythe (présentée et analysée, p. 44) alors qu’il s’était montré plus provocant en 1. 8 (v. 47-48) où il présente une reine lascive et infidèle. De tels échos peuvent aider l’étudiant à percevoir la dimension essentiellement ludique des Amores pour mieux appréhender la structure d’ensemble du recueil et la maîtrise technique d’un poète qui met son érudition au service de l’humour. Tout cela n’enlève bien évidemment pas sa valeur à cet ouvrage qui a le mérite de proposer des synthèses courtes, claires, souvent justes et rigoureuses, qui témoignent du soin apporté à ce travail1 dont la typographie aérée facilite la lecture.

Notes

1. En 3. 2, v. 19, au lieu de habet, lire jungi, p. 33 ; en 3. 4, p. 49, la note au v. 4 porte aussi sur le vers précédent et, p. 50, celle du v. 15 renvoie également au v. 16.