BMCR 2019.05.22

Galeni, Vocum Hippocratis Glossarium: Testo, Traduzione e Note di Commento. Corpus Medicorum Graecorum V 13,1

, Galeni, Vocum Hippocratis Glossarium: Testo, Traduzione e Note di Commento. Corpus Medicorum Graecorum V 13,1. Berlin: Walter De Gruyter, 2017. 417. ISBN 9783110480726. ebook.

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Il s’agit là de la première édition critique du glossaire hippocratique de Galien, seul ouvrage lexicographique du médecin de Pergame, pourtant si méticuleux quant à la propriété du vocabulaire et à son évolution, et premier lexique alphabétique de toute la littérature occidentale. Cette édition, particulièrement difficile vu le genre même de l’œuvre et son histoire propre, est produite dans toutes les règles de l’art, et remplacera donc Kühn XIX 62-157,1 qui lui-même n’avait nullement innové.

Cette petite œuvre a été rédigée pour un certain Teuthras, concitoyen de Galien, camarade d’études, mort à Rome sous le premier assaut de la peste antonine ( De indolentia 34-35), quand le futur prince des médecins avait 33 ans ; le Glossaire était alors terminé, du moins son premier jet, à l’évidence repris par la suite puisqu’il s’y trouve des traces bien repérables d’ouvrages galéniques écrits plus tard (« tracce evidenti » d’œuvres « scritte più tardi ». Ces glossae sont des mots difficiles, qui autrefois étaient d’usage courant mais ne le sont plus. « L’ordine dell’esposizione sarà quello della sequenza delle lettere con le quali le glosse iniziano », … « parole che anticamente erano d’uso comune, ma ora non lo sono più ». Ce Theutras a joué aussi un rôle dans l’établissement de la bibliographie de Galien, car il possédait les papiers du médecin Eumène, rassemblés par lui tout au long de sa vie et de ses voyages, lesquels passèrent à Galien à sa mort. Le maître de Pergame lui-même cite deux fois cette petite œuvre dans son De libris propriis IX 13 et son in Hipp. Epid. VI comm. I 29.

Dans la présente édition une riche bibliographie de 15 pages précède une longue introduction qui examine :

A. les sources, à savoir I. les manuscrits grecs (28 en tout) de deux classes, classis prior (14) et classis posterior (14) ; puis II. Les relations entre les dits manuscrits, des deux classes, séparément. III. Les ouvrages imprimés, éditions du texte grec, traductions, travaux modernes, des XIXème et XXème siècles ; les échecs de cette période ont leur intérêt, car ils font mieux comprendre les difficultés qu’a pu rencontrer notre auteur. IV. Le rôle des ouvrages imprimés. V. Des conclusions sur la tradition du texte, tout cela permettant (p. 91) VI. l’établissement du stemma codicum.

B. L’œuvre et ses caractéristiques. I Titre et datation. II. Le problème de l’ordre alphabétique, avec a. les doubles rédactions. b. La diffusion du critère alphabétique. c. L’ordre alphabétique dans la tradition manuscrite du Glossaire. Son ordre au IIe siècle et le problème du grammairien Valerius Harpocration. III. Textes antérieurs et sources. a. La lexicologie hippocratique jusqu’à Galien. b. sources directes de Galien. c. Pamphile. d. Le glossaire et les commentaires. IV. La lexicographie postérieure. a Synopsis. b. Orion le Thébain. c. Hésychius. V. Caractéristiques du Glossaire. a. typologie des « glosses ». b. Leur structure et leur rapport avec Hippocrate (confrontation avec Érotien et le texte hippocratique ; Le travail de Galien dans ce Glossaire ; rapport avec Hippocrate). c. Le proemium. d. Caractères particuliers des « glosses » et incongruités syntactiques. e. Les bizarreries de Didymus. VI. Les loci hippocratiques. VII. Titres des œuvres hippocratiques citées dans le Glossaire. VIII. Problème de l’authenticité de l’œuvre.

C. Critères de l’édition. I. Traduction. II. Apparat et notes, Conspectus siglorum, avant le texte et sa traduction en italien en page de droite, et suite des notes. Enfin les index : A. Nominum. B. Verborum. C. Voces quae in LSJ desiderantur (manquant tout à fait ou présents avec un sens différent). D. Plantarum et animalium. E. Locorum Hippocraticorum.

Lorenzo Perilli, qui s’était lancé dans la carrière avec une thèse sur Il lessico intellettuale di Ippocrate, professeur à Rome, est resté fidèle à ses premières amours, le vocabulaire et la circulation des idées. Il utilise sa langue maternelle, l’italien, pour ce livre majeur, ce que j’approuve absolument, ayant bien réfléchi sur la question qui s’est posée au moment de l’explosion de l’érudition médicale en Europe au XIXème siècle : fallait-il continuer de traduire les textes grecs en latin, ou passer aux langues vernaculaires ? J’imagine malheureusement que beaucoup de collègues érudits regretteront que M. Perilli n’ait pas choisi l’anglais, comme Greenhill, contre Darembeg, préférait le latin !

Bref, ce n’est évidemment pas un livre à lire d’affilée, de a jusqu’à z ; c’est un livre à méditer, une mine de réflexion, bien au-delà des pures ecdotique, édition, philologie, histoire des textes, et j’en passe, malgré leur absolue nécessité. Des considérations très médicales, et même des notions de philosophie scientifique toucheront les lecteurs de toutes origines. On ne saurait trop remercier M. Perilli pour nous avoir permis un tel face-à-face avec les mots, situation fascinante qui pose le problème d’une langue scientifique internationale, qui, utilisée par tous comme une denrée de base, perdra sa variété et son sel ; et ce recueil est un régal.

Vu l’austérité académique de la collection dans laquelle s’insère cet ouvrage, on peut se demander si la qualité de la moussaka préparée par M. Anastassiou était à souligner ! Mais ce n’est qu’une broutille, à peine choquante, dans un travail si difficile que les prédécesseurs de l’auteur n’avaient pas réussi à mener à bien. La longue durée impose sans doute des récréations !

Notes

1. Karl Gottlob Kühn, KLAUDIOU GALENOU APANTA, 20 vol., Leipzig 1821-1833, reprint Hildesheim, 1997-2001.