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Parallèlement aux enceintes urbaines, les fortifications secondaires recueillent en Étrurie un intérêt renouvelé depuis une quinzaine d’années. Elles sont plus particulièrement nombreuses en Étrurie septentrionale et, dans ce contexte, Populonia paraît avoir mis en place dès le V e s. av. J.-C. un véritable réseau de petites forteresses de hauteur destiné à contrôler ses possessions territoriales, y compris insulaires, en l’occurrence l’île d’Elbe.1 Mais les forteresses étrusques de cette île fameuse pour ses minerais de fer soulèvent encore bien des questions et suscitent diverses hypothèses en terme de chronologie et de fonction, ou encore de modélisation de la défense territoriale.2 Les incertitudes tiennent à l’absence de ces sites dans la tradition antique et à la nature essentiellement superficielle de la documentation archéologique les concernant. Castiglione di San Martino est l’une des rares forteresses fouillées mais son exploration remontant déjà aux années ’70 et ’80, et n’ayant débouché que sur des comptes rendus partiels et provisoires, on pouvait craindre qu’un rapport définitif ne voie jamais le jour. En publiant, à 30 ans de la fin des travaux, les fouilles qu’elle a dirigées sur ce site, O. Pancrazzi lève donc l’hypothèque qui planait sur la divulgation des résultats de la fouille. Quand bien même l’auteur ne signe personnellement qu’une petite part du livre, il lui revient le mérite d’avoir coordonné cette volumineuse publication.
L’ouvrage comprend une douzaine de sections de longueur très variable, que l’on peut regrouper en deux parties. Après une introduction sur la genèse de la publication, la première partie du livre couvre l’exploration archéologique du site, de l’examen de son contexte topographique aux séquences stratigraphiques révélées par la fouille, menée avec grand soin—il faut le souligner—dans le cadre d’un chantier école de l’université de Pise. La deuxième partie est entièrement dédiée à la description et à l’étude de l’abondant matériel, essentiellement céramique, recueilli au fil des campagnes. La mise en page est soignée mais austère. Les nombreuses planches d’illustrations sont exclusivement en noir et blanc et se trouvent reportées en fin de l’ouvrage, ce qui impose au lecteur des allers et retours peu commodes entre le texte d’une part, et les plans, dessins et photographies d’autre part.
Globalement considéré, ce rapport final privilégie les données brutes de la fouille et l’examen du matériel. Il ne comporte aucune conclusion et s’abstient de toute interprétation ou considération plus générale touchant par exemple l’architecture de la forteresse, sa fonction, ses résidents et leurs occupations. Du point de vue méthodologique, le rapport est malheureusement dépourvu d’un lien organique entre ses deux parties, au sens où la description des Unités Stratigraphiques (= US) n’inclut pas le matériel qui y a été recueilli. Aucun tesson n’est publiée avec un numéro d’inventaire et son US de provenance. En conséquence, la chronologie des phases de la forteresse ne repose que sur l’affirmation des fouilleurs, sans que soient présentées au lecteur « les pièces à conviction ». Enfin, et c’est un autre motif de regret, la bibliographie ne va pas au-delà de 2002, pour diverses raisons dont O. Pancrazzi s’explique en introduction. Au total, le livre tient plus de la publication d’archives que d’un rapport conforme aux standards contemporains
Considérant à présent les vestiges de la forteresse, objet de la première partie, ils comprennent une enceinte en forme de trapèze étiré (env. 20 x 42 x 14 m) et, à l’intérieur de celle-ci, deux groupes de pièces situées respectivement contre les petits côtés nord et sud de l’enclos. L’espace central, communiquant par un simple passage avec l’extérieur, n’a pas été fouillé pour des motifs qui demeurent inexpliqués. L’allure générale de la forteresse est donc assez claire, mais la fonction des locaux n’est pas traitée comme telle et le rapport ne fournit pas les plans restitués des trois phases du complexe – elles-mêmes décomposées en sous-phases – que les fouilleurs définissent par regroupements successifs des US. Les dates absolues fournies sont des dates globales par phase, fondées sur la céramique attique, la céramique à vernis noir et la céramique surpeinte. Elles permettent d’encadrer la vie du complexe entre la première moitié du V e s. et le milieu du II e s. avant J.-C.
Dans la deuxième partie du livre, la matière est organisée de façon raisonnée, suivant un critère fonctionnel et sans connexion plus précise avec la fouille qu’une indication de l’aire de provenance et de la phase stratigraphique globale. À l’intérieur des classes de céramique, divers aspects sont passés en revue et, le cas échéant, croisés, tels que les caractéristiques de la pâte, la typologie et la chronologie. Un exposé de synthèse précède chaque fois la revue des pièces les plus significatives, que complète, le cas échéant, leur catalogue descriptif. Cette partie du livre, sans échapper à certaines longueurs et redites, est menée avec beaucoup de soin et représente incontestablement un apport archéologique précieux pour l’île d’Elbe. Ceci dit, les tableaux statistiques qui émaillent l’étude laissent sceptiques : que signifient le nombre et le pourcentage de tessons d’un type donné, quand on sait qu’un vase malmené peut produire plus de tessons que dix exemplaires davantage épargnés. Tenter de cerner le nombre d’individus aurait été plus utile, par exemple dans la perspective d’une étude sur la circulation des céramiques. Par ailleurs, les distinctions de pâtes opérées au sein de la céramique commune sur la base d’un examen macroscopique n’apparaissent guère pertinentes et reposent, le cas échéant, sur des différences difficilement perceptibles. L’illustration est de qualité correcte, sauf pour les dessins des estampilles sur les fonds de coupe à vernis noir. En outre, il manque malheureusement bien souvent une réglette ou l’indication de l’échelle de réduction car celle-ci n’est pas constante.
En conclusion, ce rapport a l’incontestable mérite d’exister car une fouille non publiée est, au plan scientifique, une fouille perdue. Les critiques auxquelles il échappera difficilement concernent plus la méthode que le fond. L’essentiel est là, c’est-à-dire la moisson de données réunies dans le volume: elle offre à qui saura les exploiter matière à repenser l’histoire des forteresses de hauteur en Étrurie du Nord, de l’époque classique à l’époque romaine tardo-républicaine, période riche en soubresauts régionaux auxquels furent mêlés Grecs, Carthaginois, Gaulois et Romains.
Table des matières
Ringraziamenti
Sigle degli autori
A. Corretti, Nota redazionale (e non solo)
O. Pancrazzi, Castiglione di San Martino: un percorso scientifico e personale (O.P.)
Isola d’Elba: lo scavo di una fortezza d’altura, 1978-1988
Le fortezze d’altura :
O. Pancrazzi, I siti
F. Cambi, Fortezze e viabilità
Castiglione di San Martino:
V. Francaviglia, Nota geologica
L. Brambilla, Le piante della collina
O. Pancrazzi—L. Brambilla, Notizie antiquarie
O. Pancrazzi, Lo scavo, 1978-1988
La sequenza stratigrafica:
F. Fabiani, Le fasi della fortezza
F. Fabiani, Elenco delle unità stratigrafiche – Classi datanti
M.Degl’Innocenti, La copertura dei tetti
Il magazzino e la dispensa :
P. Bennati – M. Degl’Innocenti, Dolii
A. Corretti—M.C. D’Angelo – M. Degl’Innocenti, Anfore
La preparazione dei cibi:
P. Matteucci- M. Degl’Innocenti, Mortai
P. Bennati – M. Degl’Innocenti, La ceramica da cucina e di uso vario
La ceramica da mensa:
N. Vismara – M. Degl’Innocenti, Ceramica attica a figure rosse
N. Vismara – M. Degl’Innocenti, Ceramica etrusca a figure rosse
N. Vismara – M. Degl’Innocenti, Ceramica sovradipinta
L. Corsi – M. Degl’Innocenti, Ceramica a vernice nera
N. Vismara—A. Ristori – M. Degl’Innocenti, Ceramica semifine
N. Vismara—A. Ristori, Ceramica fine
Le attività artigianali:
A. Corretti, Scorie di fucina
M. Degl’Innocenti, Oggetti in piombo
M. Botto – M. Degl’Innocenti—G. Radi—B. Zamagni, Oggetti vari e strumenti in pietra
M.L. Verola – M. Degl’Innocenti, I reperti faunistici
M.L. Luisetti, La ceramica postclassica
Bibliografia
O. Pancrazzi, Conguagli delle unità stratigrafiche
Tavole
Notes
1. A. Maggiani, » » Oppida e castella. La difesa del territorio », dans La città murata in Etruria. Atti del XXV Conv. Studi Etruschi ed Italici (Chianciano Terme—Sarteano—Chiusi, 2005), Pisa-Roma, 2008, p. 355-371.
2. A. Corretti, »Le fortezze d’altura dell’isola d’Elba : lo stato della questione », dans Aristonothos. Scritti per il Mediterraneo antico, 2, Trento, 2012, p. 347-370. Voir aussi A. Maggiani, »L’Elba in età ellenistica », dans La Corsica e Populonia. Atti XXVIII Conv. Studi Etruschi ed Italici (Bastia—Aleria—Piombino, 2011), Pisa-Roma, 2015, p. 357-374.