BMCR 2016.12.22

Λουκιανός, 3. Σάτιρα απληστίας και ματαιοδοξίας

, Λουκιανός, 3. Σάτιρα απληστίας και ματαιοδοξίας. Εισαγωγή, κείμενο, μετάφραση, σχόλια. Aρχαίοι συγγραφείς, 156. Thessaloniki: Εκδόσεις Ζήτρος, 2015. 611. ISBN 9789604632794. €25.44.

Après la Satire de la mort et de l’Au-delà et la Satire de la philosophie et des philosophes prétendus,1 Dimitrios A. Christidis revient avec un troisième volume thématique d’œuvres lucianesques, la Satire de l’avidité et de la vanité. Il rassemble les opuscules où Lucien se moque des gens qui rêvent de richesses et d’honneurs, et plus précisément Le songe ou le coq (pp. 27-174), Timon ou le misanthrope (pp. 175-334), Contre un bibliomane ignorant (pp. 335-419), Le navire ou les souhaits (pp. 421-551) et six Dialogues des morts, les 15-19 et le 21 (pp. 553-611).

Le livre commence par un court Prologue (pp. 9-12) et une Introduction (pp. 13-26) qui contient un essai sur les différentes formes que prend la satire sociale chez Lucien et non pas seulement dans les œuvres répertoriées dans le présent volume, ainsi qu’un bilan bibliographique très utile et essentiel sur le sujet. Suivent les cinq textes mentionnés ci-dessus. Christidis propose d’abord une introduction de chaque opuscule où il présente brièvement l’ouvrage, parle de ses modèles littéraires et de sa réception dans la littérature européenne et donne une bibliographie de base qui comporte les éditions et les commentaires les plus importants.2 Le texte ancien et la traduction grecque moderne sont imprimés face à face, comme dans la série de la Loeb Classical Library, sur la page de gauche l’original et sur la page de droite la traduction. Le texte grec est fondé sur les éditions principales de Lucien sans en reproduire aucune. La traduction est très claire, correcte et facile à lire, plutôt philologique que littéraire, c’est-à-dire respectant le texte et le style de Lucien et n’omettant aucun mot grec. Mais que pourrait-on attendre d’un professeur qui a enseigné les œuvres de Lucien pendant toute sa carrière? Le commentaire clôt chaque section. Il couvre presque un quart du livre (625 notes riches mais pas surchargées) et c’est là que Christidis fait preuve de ses connaissances sur Lucien et la littérature grecque en général. Le livre s’adresse aussi bien au lecteur moyen qu’au lecteur exigeant et connaisseur de Lucien. Christidis préfère se baser sur les textes parallèles anciens plutôt que sur la bibliographie moderne pour élaborer son analyse qui touche des questions de critique textuelle et lexicale, mis à part les remarques interprétatives sur la mythologie, la littérature, la linguistique et même l’iconographie. Il s’attache aussi à mettre en évidence le ton proverbial de Lucien, c’est pourquoi sont abondantes les citations d’anciens parémiographes et du livre de T. W. Rein, Sprichwörter und sprichwörtliche Redensarten bei Lucian, Tübingen, 1894, ainsi que les références aux textes littéraires qui ont inspiré Lucien et aux textes qu’il a inspirés lui-même à son tour.

La présentation typographique du livre est très soignée. On ne trouve que de coquilles insignifiantes qui n’altèrent pas la lecture, dont les plus graves sont les suivantes: p. 53 φτιαγμένη (bis); p. 195 ξεσηκώσεις et όλους όσοι (aussi dans la p. 289); p. 213 αφήνοντάς με; p. 285 και η αναίδεια; p. 379 τη στιγμή; p. 385 Βάταλος; p. 393 που ’ναι; n. 48, p. 409 οι J. S. Bernard και C. F. Hermann πρότειναν; n.65, p. 414 Sommerbrodt a aussi corrigé l’article τῷ; p. 429 που μεταφέρουν; n. 15, p. 518 δ 384-386. La n. 78, p. 155 et la n. 88, p. 157 sont identiques, alors il serait mieux d’éliminer l’une. Enfin, à deux reprises on peut regretter le désaccord entre le commentaire et le texte grec: dans Tim. 7 (p. 198) on lit ἅνθρωπος, bien que dans la n. 28, p. 299 Christidis dise qu’il n’a pas préféré ladite correction de Macleod. De même dans Nav. 26 (p. 472) on lit βιώσει et non pas la correction de Husson βιώσῃ, que Christidis indique avoir adoptée dans la n. 87, p. 537.3

Le nouveau livre de Christidis représente encore un hommage d’amour du philologue grec envers le satiriste syrien et trouvera sûrement son public international parmi tous ceux qui peuvent lire le grec moderne avec une certaine aisance et qui sont nombreux.4

Notes

1. Compte-rendu par Diane Louise Johnson, BMCR 2005.09.50.

2. Christidis ne cite pas l’édition commentée de Timon ou le misanthrope de G. Tomassi (Berlin-New York, 2011), ni le livre de N. Hopkinson, Lucian. A Selection, Cambridge University Press, 2008, dont il aurait pu tirer grand profit pour son commentaire sur Tim. et Adv. ind..

3. Nous prenons comme prétexte la discussion de Christidis sur trois passages pour mentionner les corrections proposées par Adamantios Coray à ce propos: dans Tim. 43 (n. 123, p. 321) ἐκσείων <ἐμαυτόν>; dans Nav. 21 (n. 70, p. 530) μή μου ἀνάλυε; dans Nav. 32 (n. 103, p. 538) διαβαίνωμεν ou διαβῶμεν τὸν Αἰγαῖον. Pour plus d’informations, voir O. Karavas, “Adamantios Coray et ses corrections inédites sur Lucien: le ms Chios 490, p. 455-576”, Nuntius Antiquus, 8.2-9.1, 2012-2013, pp. 115-159 (aussi en ligne).

4. J’aimerais remercier ma chère collègue et précieuse amie Isabelle Gassino pour son aide et ses remarques utiles.