BMCR 2014.10.61

L’Alceste de Barcelone (P.Monts. Roca inv. 158-161). Édition, traduction et analyse contextuelle d’un poème latin conservé sur papyrus. Papyrologica Leodiensia, 3

, L'Alceste de Barcelone (P.Monts. Roca inv. 158-161). Édition, traduction et analyse contextuelle d'un poème latin conservé sur papyrus. Papyrologica Leodiensia, 3. Liège: Presses Universitaires de Liège, 2014. 214. ISBN 9782875620415. €30.00 (pb).

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L’ Alcestis Barcinonensis est un poème d’un peu plus de 120 hexamètres dactyliques, conservé, avec d’autres textes grecs et latins, sur un ensemble de feuillets de papyrus qui se trouvent actuellement à la Fundacio Sant Lluc Evangelista à Barcelone. Le texte est écrit sur quatre petits feuillets en scriptio continua qui font partie d’un ensemble plus vaste, sans respect de la colométrie, et avec de nombreuses fautes. Il est un témoin rare de la présence de la langue et de la culture latines en Egypte au IVe siècle de notre ère. Après une courte présentation générale, G. Nocchi Macedo s’attache d’abord à identifier la provenance et l’origine du papyrus : pour la copie du livre, on a songé au monastère de St Pacôme, ou à un atelier de Panopolis, ou à un lieu près de Nag Hammadi ; pour sa mise sur le marché international, on a essayé de questionner des intermédiaires égyptiens, sans grand succès. La fondation Bodmer, pour ne nommer qu’elle, n’est pas étrangère à certains épisodes de ce qui ressemble à un vrai roman policier. Après une courte description codicologique, l’auteur présente les textes et le dessin contenus dans le codex : 1) Cicéron, Catilinaires, I (extraits) et II (en entier) ; 2) un Psalmus Responsorius, poème chrétien qui met en scène les vies de Marie et du Christ ; 3) un dessin à sujet mythologique ; 4) un ensemble de textes grecs qui sont des prières chrétiennes à usage liturgique ; 5) l’ Alceste : 6) un texte latin qui met en scène des épisodes fictifs de la vie de l’empereur Hadrien ; 7) et enfin une liste de 2368 mots grecs.

Le chapitre II, entièrement consacré à l’ Alceste, offre d’abord une description codicologique et une analyse paléographique très complètes du texte. Elles sont suivies d’un ensemble de données succinctes sur les sources de l’œuvre, le style et la langue, le mètre et la prosodie, et enfin le genre littéraire. Ce sont ces quelques pages qui nous ont le plus intéressé. Depuis l’édition princeps, publiée par Roca-Puig en 1982, l’ Alceste a fait l’objet jusqu’en 1998 de six nouvelles éditions, celle de L. Nosarti, Bologne, 1992 étant la plus complète et la meilleure. G. Nocchi Macedo nous propose à son tour (chapitre III) une transcription diplomatique du texte, puis une édition critique qui se veut aussi respectueuse que possible des principes de la philologie moderne. Nous lui adressons cependant deux reproches : le premier est d’avoir conservé la colométrie aberrante du papyrus, ce qui entraîne de nombreux risques d’erreur dans les références, au lieu d’imprimer un hexamètre par ligne ; le second est de rejeter dans l’apparat critique, au lieu de les intégrer dans le texte, les corrections les plus faciles. En voici deux exemples, provoqués par une haplographie évidente : vers 62 (ligne 68), au lieu de Titanide … arte, lire : Titanide de arte; vers 122 (lignes 136-137), au lieu de claudet … membra, lire claudet mea membra. Nous dirons, pour conclure ce point, qu’éditer c’est choisir, ou plutôt, c’est oser choisir. Fort heureusement, l’auteur fait suivre son édition d’un ensemble de considérations sur la langue du poème, qui concernent l’orthographe et la phonologie, la morphologie et la syntaxe.

Le moment semble venu d’aborder l’étude de l’ Alceste d’un point de vue véritablement littéraire, que les quelques considérations du chapitre II, vite expédiées, ont tout juste permis d’entrevoir. Et c’est là, malheureusement, que l’auteur se dérobe. Le chapitre IV, en effet, étudie l’ Alceste « en contexte », ce qui veut dire qu’on y étudie les autres textes contenus dans le cahier d’un point de vue surtout codicologique. On y apprend ainsi que le codex était essentiellement un instrument d’utilité pratique, c’est-à-dire scolaire. Le Psalmus Responsorius est le seul poème chrétien conservé sur papyrus. L’ Alceste n’a droit qu’à quelques pages (p.143-157), consacrées surtout à deux problèmes : le christianisme (p.145-147) et l’éthopée (p.151-157). Dans une courte étude publiée en 1998 dans un volume d’Hommages, et citée par l’auteur à la p.167, nous avons essayé de répondre à quelques questions d’ordre philosophiques et religieux concernant le texte de l’ Alceste. Une étude véritablement littéraire serait la bienvenue également. Elle montrerait, par exemple, que le style très paratactique du poème ne révèle pas la faiblesse d’un latin dit « vulgaire », mais qu’elle résulte d’un choix esthétique conscient et efficace, qui exprime à merveille la simplicité et la grandeur du sacrifice d’Alceste. Par la rigueur de ses travaux papyrologiques et codicologiques, G. Nocchi Macedo répond à beaucoup de nos questions et en soulève d’autres : c’est la définition même du chercheur.

Table des matières

Remerciements 7
Préface 9
Introduction 13

Chapitre I – Le codex Miscellaneus de Montserrat
1. Présentation générale 17
2. Provenance et origine 18
3. Description codicologique 24
4. Les textes 26
4.1. Cicéron, In Catilinam, I, 6-9, 13-33 ; II 27
4.2. Psalmus Responsorius 31
4.3. Dessin à sujet mythologique 36
4.4. L’Euchologie grecque 38
4.5. Alcestis Barcinonensis 45
4.6. Hadrianus 45
4.7. La liste des mots grecs 47

Chapitre II – L’ Alcestis Barcinonensis
1. Description codicologique 49
2. Analyse paléographique 50
2.1. Signes « utilitaires », diacritiques et de ponctuation 57
2.2. Signes de lecture et notes marginales 62
2.3. Les corrections 65
2.4. Le modèle 66
3. Le texte 68
3.1. Les sources 69
3.2. Le style et la langue 70
3.3. Le mètre et la prosodie 71
3.4. Le genre 72
3.5. La date 75
3.6. Les éditions 75

Chapitre III – Alcestis Barcinonensis : Le texte
1. Transcription diplomatique 79
2. Edition 82
3. Traduction 96
4. Notes critiques et grammaticales 100
5. Considérations sur la langue de l’ Alcestis 116
5.1. Orthographe et phonologie 116
5.2. Morphologie et syntaxe 119
5.3. Lexique 123

Chapitre IV – L’ Alcestis Barcinonensis en contexte
1. Le codex 125
1.1. Le format du codex de Montserrat 128
1.2. Bilinguisme et digraphisme 129
1.3. La mise en page des textes poétiques 132
1.4. La décoration 132
1.5. Les dédicaces 136
1.6. Le contenu 136
2. Le poème 143
2.1. Le mythe d’Alceste dans l’Antiquité 143
2.2. Alceste et le christianisme 145
2.3. Alcestis Barcinonensis : une composition scolaire ? 147

Conclusion 159
Bibliographie 163
Index
Index locorum 183
Index uerborum 188
Index nominum 199
Planches 205