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Le tome 10 du “Strabon” de Stefan Radt clot une série qui avait commencé de paraître en 2002,1 complétant par de riches et utiles index le texte, la traduction et le commentaire déjà publiés par l’éditeur. Le livre est organisé en trois grandes parties précédées d’une sommaire présentation (p. 9-10) : d’abord l’index relatif au texte grec et à sa traduction ; ensuite l’index relatif au commentaire ; enfin une liste de “Korrigenda”, reprenant les scories glissées dans les neuf tomes précédents. Tous les renvois se font, non au numéro des tomes précédents et à leur pagination, mais à la pagination de Casaubon depuis longtemps canonique, et à la linéation du texte de Radt.
La première partie présente d’abord un très ample index des noms propres. La plupart sont donnés en Allemand. Les renvois aux noms propres les plus importants sont organisés par thèmes, au moyen de sous-entrées (par exemple “Ägypten”, “Homer”, “Römer”, “Rom”, etc.). Le travail entrepris est colossal, à la mesure de la somme géographique à laquelle l’ouvrage se donne pour tâche de renvoyer. Toutefois ce nouvel outil, désormais indispensable au spécialiste de Strabon, aurait sans doute mérité d’être allégé, ou le cas échéant, organisé différemment. On demeure surpris, notamment, que Radt ait jugé bon de placer dans cet index la plupart des noms modernes des lieux évoqués par le Géographe, en renvoyant dans ces entrées aux noms anciens (sur le modèle : “Alise-Sainte-Reine, siehe Alesia” ; “Al Furat, siehe Euphrat”). Il aurait sans doute été plus judicieux, et plus utile aussi, de préciser ces dénominations modernes dans les entrées fournies par les noms anciens utilisés dans la traduction ; par ailleurs, Radt ne se tient pas toujours à l’organisation d’abord décidée, renvoyant ainsi de l’entrée “Rhodanus” à l’entrée “Rhone” (sic), et de l’entrée “Rhenus” à l’entrée “Rhein”, mais de l’entrée “Seine” à l’entrée “Sequana”. Il est dommage, d’autre part, que le parti-pris de Radt ait été d’éliminer de son index l’ensemble des noms propres contenus dans les nombreuses citations dont Strabon égrène son texte : ainsi on cherchera vainement le nom de la cité de Bargosa, cité en XV, 1, 73, devant sans nul doute être identifiée au fameux emporium indien de Barygaza connu par le Périple de la Mer Erythrée. La double entrée concernant le Caucase (“Kaukasos” pour le Caucase indien, c’est-à-dire l’Hindu Kush, et “Kaukasus” pour le Caucase scythique) est inutile, à plus forte raison parce que Radt ne respecte pas cette différence vocalique dans sa traduction. J’ajouterai qu’il est dommage que Radt ait à l’occasion fourni la référence de telle ou telle entrée, sans préciser que la leçon retenue relève d’une conjecture. A l’entrée “Gaugamela” il renvoie ainsi à 731, 5 (= XV, 3, 9) sans préciser que le nom du village perse est ici reconstruit sur la supposition d’une mélecture d’onciales. De la même façon, l’usager du lexique de Radt, sans doute encore habitué à l’édition de Kramer, n’ira pas chercher à l’article “Sarmanen” le nom des sages de l’Inde que la tradition manuscrite et les éditions antérieures nomment Garmanes (XV, 1, 59 et 60). Même si dans les deux cas la correction est indubitablement la bonne, peut-être le caractère conjectural des noms constituant ces deux entrées eût-il été à signaler.
Suit un index intitulé “Sachen”, dont certaines entrées en font un outil particulièrement utile. On mentionnera à titre d’exemple les entrées “Bewohnte Welt”, “Geograph”, “Geographie”, etc., l’ensemble des renvois étant organisé de façon thématique ; on y trouve les références à tout type d’aliment (“Honig”, “Wein”, etc.), animaux, faits de religion, de culture, etc. L’entrée “Handelsplatz” donne commodément toutes les cités commerciales mentionnées par le Géographe. L’entrée “Inschriften” fournit la référence de chaque passage où Strabon cite une source épigraphique. Enfin l’entrée “Strabon”, organisée en deux points (“A. Leben”, “B. Werke”) répértorie chacun des passages “autobiographiques” du Géographe. On pourra déplorer quelques lacunes, notamment à l’article “Kriege”, où Radt énumère toutes les guerres citées par Strabon, sans donner aucune référence aux conquêtes d’Alexandre.
Les deux dernières subdivisions de la première partie, elles aussi fort utiles, passent en revue l’ensemble des auteurs cités par Strabon (A. III) et l’ensemble des auteurs citant Strabon (A. IV).
La deuxième partie, constituant l’index du commentaire, est elle-même organisée en six subdivisions. La première est un nouvel index de “Sachen”. Elle présente les éléments les plus variés, dont certains sont relativement peu utiles (par exemple l’entrée “Montesquieu”). Certaines entrées auraient été plus judicieusement placées dans la catégorie des “Sachen” renvoyant au texte de Strabon (notamment l’entrée “Banyanbaum”, que l’on peine à venir chercher ici, quand on irait la chercher plus naturellement là). Ici comme plus haut, une entrée “Strabon” est toutefois d’une grande utilité. Suit un index grec (B. II) regroupant mots et expressions du Géographe analysés dans le commentaire de Radt, très complet et d’une évidente utilité. La plupart du temps le mot grec y est directement suivi de la référence, mais l’auteur offre parfois tout de suite une traduction, quand celle-ci n’est pas la plus habituelle du terme considéré. En B. III, Radt a réunit un très court index des quelques mots ou expressions latines employés ou expliqués dans son commentaire. En B. IV, il propose un index de notions grammaticales ; certaines entrées y sont particulièrement intéressantes, en particulier un répertoire des ellipses les plus fréquentes chez Strabon, des latinismes, et une entrée relative à la formation des noms propres. On y mentionnera enfin, dans l’entrée “Transkription lateinischer Namen”, un tableau de correspondance où sont mis en regard les phonèmes grecs et latins, puis latins et grecs. Suit un index (B. V) consacré à nombre d’aspects paléographiques, où l’on trouvera surtout le catalogue des fautes les plus communes à la tradition manuscrite, sauts du même au même, confusions de lettres, omissions, etc. L’intérêt de cet index est évident, et très peu de phénomènes ont été omis par Radt (on peut ajouter notamment, à sa liste de “Verwechslungen”, la confusion fréquente entre περί et παρά dans nombre de manuscrits de Strabon). L’entrée “Handschriften” comprend diverses sous-entrées concernant certains aspects de cette tradition ; des renvois y sont principalement faits à l’épitomé E, au palimpseste, et aux Chrestomathies. L’entrée “Strabons Manuskript” répertorie tous les passages où Radt aborde le problème de l’autographe de Strabon. Enfin Radt réunit un index (B. VI) où sont répertoriés les auteurs auxquels lui-même fait allusion dans son commentaire. Ce dernier est peu utile, la plupart n’étant mentionnés qu’en passant, et certains n’ayant guère à voir avec l’analyse du texte de Strabon (par exemple “John Milton” ou “Voltaire”).
Malgré les rares défauts soulignés plus haut, et quelles que soient les réserves que l’on puisse avoir sur l’édition de Radt,2 il demeure évident que tout lecteur de la Géographie trouvera dans le tome 10 des Strabons Geographika un instrument de travail unique en son genre, remplaçant de façon définitive le seul outil qui lui fût vaguement comparable, à savoir l’index du tome 8 du “Strabon” de H. L. Jones.3 Ce livre est désormais indispensable.
SOMMAIRE
Zu den Registern, p. 9
A. Register zu Text und Übersetzung p. 11
I. Namen p. 13
II. Sachen p. 301
III. Von Strabon zitierte Stellen anderer Autoren p. 337
IV. Testimonien p. 393
B. Register zum Kommentar p. 453
I. Sachen p. 455
II. Griechische Wörter und Wendungen p. 471
III. Lateinisches p. 511
IV. Grammatisch-Stilistisches p. 513
V. Textkritik / Paläographie p. 527
VI. Stellen anderer Texte zu denen etwas bemerkt wird p. 541
C. Gesamtverzeichnis der Korrigenda p. 561
Notes
1. S. Radt, Strabons Geographika, mit Übersetzung und Kommentar, herausgegeben von Stefan Radt, Vandenhoeck und Ruprecht, Göttingen, 2002-2011, en dix volumes : 1-4 (2002-2005) texte et traduction, 5-8 (2006-2009) commentaire, 9 (2010) édition de l’épitomé vaticane et des Chrestomathies, 10 (2011) index ; le texte de Radt se fonde sur une collation des manuscrits sur photocopie ou microfilm, avec consultation partielle de certains originaux dans les cas douteux, et principalement sur la transcription diplomatique de Wolfgang Aly (1956) pour le palimpseste.
2. Et notamment pour le problème du palimpseste. Les leçons de Wolfgang Aly ( De Strabonis codice rescripto, “Studi e Testi” 188, Cité du Vatican) sur lesquelles s’appuie Radt sont souvent contredites par une transcription inédite de François Lasserre, et seule une consultation directe permet parfois de trancher entre les deux. Par ailleurs le fait que Radt n’ait pas lui-même collationné l’ensemble des manuscrits pose problème. En matière d’établissement du texte Radt se signale enfin par un souci certain de l’uniformisation et de l’hypercorrection.
3. H. L. Jones, The Geography of Strabo, with an English translation by H. L. Jones, based in part upon the unfinished version of J. R. Sitlington Sterret, I-VIII, The Loeb Classical Library, London-New-York, 1917-1932, texte grec de Kramer assorti de quelques notes critiques issues de son apparat critique et traduction anglaise.