Nicole Bériou, Béatrice Caseau et Dominique Rigaux viennent de réunir en deux volumes l’essentiel des communications prononcées dans le cadre du séminaire consacré aux pratiques de l’Eucharistie qu’elles ont animé, à Paris, de 1997 à 2004. Précédée d’une introduction due à N. Bériou, qui pose clairement les problèmes eat série les questions, la quarantaine de textes qui constituent ce riche ensemble est répartie en deux grands ensembles: l’institution du sacrement, qui forme le premier volume, et la question de ses réceptions, qui occupe le second. Une attention particulière a été donnée aux images et aux représentations figurées, comme en témoignent les deux intéressants cahiers iconographiques qui accompagnent l’ensemble.
Il va de soi qu’en dépit de son ampleur, ce recueil ne pouvait prétendre à l’exhaustivité ; il est cependant parvenu à accomplir un vaste tour d’horizon de la question, en privilégiant les pratiques, comme l’indique son titre, mais sans pour autant négliger totalement les doctrines. Ce compte rendu va tenter de donner une idée de la richesse de l’ensemble.
Consacré à l’institution du sacrement, le premier volume aborde successivement quatre thèmes: la spatialisation du sacré et la notion de “lieu sacré”, les espèces eucharistiques employées et les vases sacrés destinés à les contenir, la réception du sacrement et les formes que prend sa vénération et, enfin, son opposé, l’excommunication.
S’appuyant surtout sur des récits de miracles et des vies de saints, dont il extrait d’intéressants détails, Vincent Déroche (“Eucharistie et localisation du sacré à Byzance (VI e —VIII e – siècle)”) montre la concurrence qui pouvait exister dans les mentalités du temps entre la vénération due aux reliques (et la sacralisation des lieux où elles avaient séjourné) et celle qui est due à l’Eucharistie. Dominque Iogna-Prat (“Lieu de culte, eucharistie et représentations de l’église dans l’Occident latin (IX e —XI e – siècle)”) résume brièvement certaines conclusions de son ouvrage (La Maison-Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen-Âge, Paris, 2006) en insistant sur l’illustration du “De rerum naturis” de Raban Maur dans un manuscrit copié au Mont-Cassin dans les années 1020 ; sa tentative de démontrer l’existence d’un processus de substitution de l’église-bâtiment à l’Église-communauté, à partir du XIe siècle, processus dans lequel l’Eucharistie aurait joué un rôle important, invite le lecteur à se rapporter au livre dont cette communication n’est que l’ébauche. Catherine Jolivet-Lévy (“Images des pratiques eucharistiques dans les monuments byzantins du Moyen-Âge”) examine les représentations monumentales (fresques et mosaïques) de trois thèmes iconographiques majeurs (la communion des apôtres, la concélébration épiscopale de l’Eucharistie et la liturgie céleste) qui apparaissent respectivement aux X e -, XI e – et XIV e – siècles dans le monde byzantin. Après être revenue sur le phénomène des archaïsmes iconographiques (les représentations de la manière de communier sont en retard par rapport à la discipline ecclésiastique et à la pratique réelle des fidèles), elle étudie les représentations du Christ-Amnos sur l’autel ou sur la patène et leur évolution, avant de conclure par une analyse des représentations de la Grande Entrée, ce qui l’amène à évoquer rapidement la question de ce que les théologiens de l’époque de Mgr Andrieu nommaient (en termes thomistes) la “prolepse de la consécration”: les oblats, qui ne sont pas encore consacrés, sont vénérés comme s’ils l’étaient déjà. Ce phénomène existe au moins dès le VIe siècle et les textes (hagiographiques, notamment) montrent à mon sens que ces marques de vénération ne sont pas dues à une anticipation (abusive) de la consécration des oblats, mais au fait que, même avant leur consécration, leur destination les investit d’une sacralité qui leur vaut déjà d’être considérés comme saints, toute “présence réelle” étant mise à part. Enfin, Dominique Rigaux (“Miracle, reliques et images dans la chapelle du corporal à Orvieto (1357-1364)” examine en détail la logique spatiale du programme iconographique des fresques de la chapelle du Corporal, dans la cathédrale d’Orvieto, véritable “somme eucharistique en images” qui commémore, exalte et surtout réécrit l’histoire du miracle de Bolsena, survenu en 1263 ou 1264, en associant étroitement le culte de la relique (le corporal taché de sang) à celui du “Corpus Christi”.
Le second dossier, qui est consacré aux espèces eucharistiques, évoque tout d’abord “Le vin pur du calice dans l’Église arménienne” (Nina Garsoïan), usage condamné par le concile Quinisexte (692) mais qui n’est attesté avec certitude qu’à partir du début du VIII e – siècle ; recherchant les origines de cette pratique, l’auteur y voit des motifs culturels sans soubassement doctrinal. Marie-Odile Boulnois (“L’eucharistie: figure ou réalité ? Une controverse théologique, d’Origène à la querelle iconoclaste”) aborde ensuite la question de savoir si, pour les Pères grecs et latins, les oblats, corps eucharistique du Christ, sont seulement le symbole de son corps historique, ou s’ils s’identifient réellement à lui. Elle rappelle que le vocabulaire traditionnellement utilisé pour désigner les espèces eucharistique (“antitype”, “figure”, “symbole”) a fini par être perçu comme ambigu à partir du IVe siècle, Origène étant tout spécialement visé par la méfiance nouvelle qui commence alors à s’exprimer vis-à-vis de formulations jadis classiques, mais qui sont désormais perçues comme insuffisantes, ou même comme sournoisement négatrices de la transformation effective des oblats au corps et au sang du Christ. Ne s’éloignant guère de cette question, Marie-Hélène Congourdeau aborde ensuite les récits hagiographiques byzantins de miracles eucharistiques évoquant l’immolation d’un enfant sur l’autel (“L’enfant immolé. Hyper-réalisme et symbolique sacrificielle à Byzance”). Ce qu’elle en dit ne m’a guère semblé apporter de neuf par rapport à l’article de Vincent Déroche, “Représentations de l’Eucharistie dans la haute époque byzantine”, dans Travaux et Mémoires 14 (2002), p. 167-180, qu’elle ne semble pas connaître. Brigitte Pitarakis étudie ensuite “La vaisselle eucharistique dans les Églises d’Orient”, c’est-à-dire avant tout le calice et la patène, sans mentionner les travaux, pourtant fondamentaux, de Viktor H. Elbern, qui sont certes souvent axés sur la vaisselle liturgique latine, mais pas toujours (cf. “Zehn Kelche und eine Taube. Bemerkungen zum liturgischen Schatzfund von Attarouhti”, dans Oriens christianus 88, 2004, p. 233-253, où il étudie un trésor d’argenterie originaire de Syrie, datable des environs de 600, composé de 10 calices, trois encensoirs, une passoire à vin et une colombe eucharistique en argent). Elbern est du reste tout autant inconnu de la bibliographie finale, t. 2, p. 1198-1199, et de la communication suivante, due à Élisabeth Taburet-Delahaye (“Vases pour l’eucharistie en Occident. L’exemple de la France à l’époque gothique”), qui s’intéresse surtout à l’évolution des formes données aux calices, aux réceptacles destinés à la conservation des espèces consacrées (pyxides, ciboires et colombes eucharistiques) et à leur ostension, évolution qu’elle décrit au moyen de quelques exemples.
Le troisième dossier rassemble des communications centrées sur les manières de recevoir et de vénérer l’Eucharistie. Alain Le Boulluec (“L’accueil du corps du Seigneur et les conditions requises selon Origène”) montre d’abord, par delà la question (fort débattue lors des controverses doctrinales entre catholiques et protestants, aux XVI e – et XVII e – siècles) de savoir si Origène privilégiait une interprétation “réaliste” ou “spiritualiste” de l’Eucharistie, à quel point le grand Alexandrin accordait d’importance à la dignité du sacrement et à la sainteté requise pour pouvoir le recevoir dignement, faisant ainsi passer au premier plan la conscience des communiants, au détriment des considérations de pureté rituelle héritées du substrat biblique. Dans un essai intitulé “Sancta sanctis. Normes et gestes de la communion entre Antiquité et Moyen-Âge”, Béatrice Caseau aborde ensuite les conditions auxquelles on devait satisfaire pour recevoir le sacrement, tant en Orient qu’en Occident, de l’époque apostolique jusqu’au VIIe siècle, avec quelques incursions jusqu’au XII e – siècle. Elle revient notamment sur l’exclusion des non-baptisés et des hérétiques, sur la réception de l’Eucharistie comme test d’orthodoxie, à l’époque des controverses doctrinales entre Chrétiens, après le concile de Chalcédoine, et sur la permanence / rémanence des préoccupations de pureté rituelle, notamment en ce qui concerne les femmes. André Binggeli (“Les stylites et l’Eucharistie”) utilise une intéressante documentation hagiographique datable des V e -VII e – siècles pour examiner la pratique eucharistique des stylites, entre ceux qui communient rarement, faute d’assister à la célébration eucharistique, ceux qui s’auto-communient régulièrement (raison pour laquelle les autorités veillent à ce qu’ils reçoivent l’ordination sacerdotale) en puisant dans une réserve eucharistique placée en haut de leur colonne, et ceux qui, vivant dans un monastère dont leur colonne forme le point focal, reçoivent régulièrement l’Eucharistie au moyen de dispositifs divers (panier hissé grâce à une poulie, etc.). Il était rare en effet qu’un stylite célèbre l’Eucharistie au sommet de sa colonne. Michel Lauwers (“Les femmes et l’Eucharistie dans l’Occident médiéval: interdits, transgressions, dévotions”) reprend ensuite l’évolution des normes liées à la participation des laïcs, et notamment des femmes, à l’Eucharistie, du IX e – au XIII e – siècle, mais aussi les formes spécifiquement féminines de dévotion eucharistique encouragées par les autorités ecclésiastiques, notamment dans le contexte de la réforme grégorienne. Après quoi, Catherine Vincent aborde (“Ob reverentiam dicti sanctissimi Corporis Christi: luminaires et dévotion eucharistique (XIII e -XV e siècle)”) la question de l’usage de cierges ou de torches honorifiques, en contexte eucharistique, à la fin du Moyen-Âge, notamment pour porter la communion aux malades, pour honorer perpétuellement la réserve eucharistique au moyen d’une veilleuse, et lors de la consécration, au moment de l’élévation. Enfin, Noël Coulet (“Processions et jeux de la Fête-Dieu en Occident (XIV e -XV e siècle)”) revient sur le déroulement des processions de la Fête-Dieu, propose une hypothèse nouvelle sur les origines du dais destiné à l’honorer, et examine pour finir les jeux organisés à cette occasion par les conseils de villes, notamment dans l’espace méditerranéen.
Enfin, le quatrième dossier aborde certains des aspects de l’excommunication ou de l’exclusion de la célébration. Nicole Belayche (“La polémique pagano-chrétienne autour du repas rituel (II e —IV e – siècle): un conflit d’identités”) montre de quelle manière chrétiens, acatholiques (gnostiques et manichéens, notamment) et non-chrétiens se sont opposés avec le repas communautaire et la convivialité commensale pour enjeux, chacun accusant le camp adverse de le plagier. Ralph Mathisen (“Les pratiques de l’excommunication d’après la législation conciliaire en Gaule (Ve-VIe siècle)”) réutilise des sources jurisprudentielles étudiées depuis le XVIe siècle pour réexaminer le champ lexical de l’excommunication et les modalités concrètes de l’application de la sentence, en insistant plus particulièrement sur le phénomène, mal connu, de la “communio peregrina”, sans parvenir à des conclusions bien fermes. Après quoi, Paul De Clerck (“Les prières du prône dans l’assemblée eucharistique en Occident (X e -XV e siècle)”) résume brièvement ce qu’on sait des prières du prône, au Moyen-Âge. Michel Parisse prend ensuite la relève (“Excommunier: exclure de la communauté et de l’eucharistie. Recherche dans les textes diplomatiques des XI e -XII e siècles”) avec une enquête sur l’introduction de la peine d’excommunication dans les clauses comminatoires des chartes françaises des XI e – et XII e – siècles, en utilisant une base de données informatiques qui se trouve à sa disposition, pour nous apprendre que “l’anathème est une malédiction”, que “l’excommunication est une punition”, et que la formule mentionnant “les très saints corps et sang du Christ” constitue une innovation qui s’introduit dans les clauses comminatoires à partir du milieu du XIe siècle, peut-être dans le contexte du mouvement de la paix de Dieu. En annexe figure une communication dans laquelle Véronique Beaulande, partant d’un cas d’espèce (“La communion pascale de Jean Baudier, clerc, endetté, excommunié (1472)”), examine le phénomène massif de l’excommunication pour dettes, à la fin du Moyen-Âge, sans mentionner l’article de Lucien Febvre, “Un abus et son climat social: l’excommunication pour dettes en Franche-Comté”, repris dans “Au coeur religieux du XVIe siècle”, Paris, 1957 (rééd. 1983), p. 301-335.
Le second volume (“Les réceptions”) est formé de quatre dossiers. Le premier (“Culture en frontières”). Jean-Marie Spieser (“Des images eucharistiques dans l’art paléochrétien ?”) y revient sur une hypothèse, ancienne et déjà largement réfutée, qui donnait une interprétation eucharistique à diverses représentations figurant sur les fresques des catacombes romaines et sur les sarcophages sculptés de la même époque, les unes bibliques (les noces de Cana, la multiplication des pains), les autres non (les scènes de banquets), et conclut par la négative, comme Elzbieta Jastrzebowska dans un article paru en 1979. Bernadette Martin-Hisard (“Liturgie eucharistique et pratiques eucharistiques dans le monde géorgien (IV e —XI e – siècle)”) se livre ensuite à un méritoire et instructif essai de synthèse qui cherche à embrasser les principales évolutions du rituel eucharistique en pays géorgien, en insistant sur les sources narratives de langue géorgienne et sur les échanges avec le monde grec. Marie-Madeleine de Cevins (“Entre conformisme et particularisme régional: les pratiques de l’eucharistie en Hongrie médiévale”) referme ce premier chapitre par un examen des pratiques eucharistiques, aux XIV e – et XV e – siècles, dans une région de contact entre le monde orthodoxe et le monde latin ; en s’appuyant sur de nombreux exemples concrets, elle insiste sur la dévotion au Saint-Sacrement, dont elle retrace la diffusion, sur les diverses autres formes de vénération de l’Eucharistie, et sur la pratique eucharistique des fidèles.
Particulièrement fourni, le deuxième dossier (“Dire l’Eucharistie”) s’ouvre par un essai (“Norunt fideles. Silence et eucharistie dans l’orbis christianus antique”) dans lequel Michel-Yves Perrin, après une enquête historiographique originale, rassemble un riche dossier patristique sur les diverses formes de réticence vis-à-vis du mystère eucharistique et montre l’importance, souvent méconnue par les théologiens spécialistes de liturgie, qu’a revêtue la “disciplina arcani” aux premiers siècles de l’ère chrétienne. Georgia Frank (“L’eucharistie et la mémoire sensorielle selon Jean Chrysostome”) s’intéresse ensuite à “la formation d’une pratique sensorielle chrétienne” chez les nouveaux baptisés au moyen d’une prédication insistant sur des images somatiques. Ioanna Rapti (“Image et rite dans l’enluminure arménienne du Moyen-Âge”) se livre à un tour d’horizon des représentations de l’Eucharistie (Cène, Multiplication des pains et des poissons, Communion des apôtres) et de ses préfigurations bibliques (Sacrifice et Hospitalité d’Abraham) dans l’enluminure arménienne, du X e – au XV e – siècle. Gunilla Iversen (“Poésie liturgique et célébration eucharistique (IX e —XIII e – siècle)”) étudie ensuite de manière analytique un petit groupe de tropes et de proses (“Fulgens praeclara”, “Zima vetus”, “Lauda Sion” et “Divinum Mysterium”) dont les textes évoquent la communion eucharistique. Après quoi, Gilbert Dahan (“Les commentaire de Matthieu 26, 26-29 aux XIIe et XIIIe siècles et la réflexion eucharistique”) examine le retour aux sources évangéliques comme norme pour l’Eucharistie, en insistant sur les techniques d’exégèse mises en oeuvre par les commentateurs, ainsi conduits à privilégier l’analyse grammaticale du texte aux dépens d’une réflexion proprement doctrinale sur le sacrement. Après avoir observé que la prédication est étrangère à “l’explosion de révérence” qui se manifeste vis-à-vis de l’Eucharistie à partir du début du XIIIe siècle, Nicole Bériou (“L’eucharistie dans l’imaginaire des prédicateurs en Occident (XIIIe-XVe siècle)”) montre ensuite, à l’aide de nombreux exemples concrets, de quelle manière les prédicateurs ont cherché à accompagner des pratiques dévotionnelles dont ils n’étaient pas les initiateurs. Après quoi, Marie-Anne Polo de Beaulieu (“”Communion”, “Corps du Christ” et “Sacrement de l’eucharistie”. Trois rubriques exemplaires de la “Scala coeli” de Jean Gobi le Jeune”) examine les approches du mystère eucharistique dans le recueil d'”exempla” mis au point en 1323-1324 par le prieur du couvent d’Alès. Dominique Rigaux (“Autour de la messe de saint Grégoire. Visée pastorale et réalisme rural”) étudie ensuite l’iconographie et les fonctions du thème de la messe de saint Grégoire, à la fin du Moyen-Âge, en se fondant sur des fresques en provenance des Alpes occidentales, françaises et italiennes.
Moins étoffé, le troisième dossier (“Dieu et Satan”) est consacré aux exorcismes (Florence Chave-Mahir, “Trois exorcismes eucharistiques de saint Bernard de Clairvaux”, à partir de seconde partie de la “Vita prima” du saint, rédigée par Ernaud de Bonneval) et aux parodies d’adoration eucharistique (Franck Mercier, “Une parodie de la présence réelle: l’adoration de Satan dans les manuscrits enluminés de la cour de Bourgogne (XVe siècle)”).
Enfin, le dernier dossier (“L’eucharistie en miroirs”) regroupe des textes plus disparates. Eliana Magnani (“Du don aux églises au don pour le salut de l’âme en Occident (IV e —XI e – siècle): le paradigme eucharistique”) examine rapidement le processus — en cours depuis le IIIe siècle au moins — au terme duquel les donations pieuses, auxquelles on attribuait désormais les mêmes effets salutaires qu’au sacrifice eucharistique, ont pu être assimilées à l’offrande eucharistique à partir d’une date qu’elle situe au VIIe siècle, la messe étant elle-même comprise comme le modèle du don. Anita Guerreau (“Le Graal, le Christ et la chevalerie”) étudie ensuite la convergence progressive, des années 1180 aux années 1240, entre le thème narratif courtois du Graal et l’Eucharistie, aboutissant à un syncrétisme entre quête chevaleresque et quête spirituelle chrétienne, entre la chevalerie et l’Église. Après quoi, Piroska Nagy (“Larmes et eucharistie. Formes du sacrifice en Occident au Moyen-Âge central”) s’interroge sur les raisons — qu’elle identifie avec “une conception sacrificielle de l’Église et de la vie du Chrétien” — qui poussaient les hommes du XIII e – siècle à pleurer, au cours de la messe. Enfin, François Boespflug (“Eucharistie et Trinité dans l’art médiéval d’Occident (XII e —XV e – siècle”) examine le croisement, dans l’art médiéval, entre le thème de la Trinité et celui de l’Eucharistie.
Les deux volumes se referment sur une bibliographie étoffée, classée par thèmes, un glossaire des termes liés à l’Eucharistie, un index des citations scripturaires et des sources écrites citées, un index thématique et un index des noms de lieu et de personne. D’une qualité exceptionnelle, ces index font de ces deux volumes un instrument de travail maniable et utile.