BMCR 2009.07.32

Augustan and Julio-Claudian Athens: A New Epigraphy and Prosopography. Mnemosyne: Supplements. History and Archaeology of Classical Antiquity; 302

, Augustan and Julio-Claudian Athens: A New Epigraphy and Prosopography. Mnemosyne: Supplements. History and Archaeology of Classical Antiquity; 302. Leiden/Boston: Brill, 2009. xvi, 369. ISBN 9789004170094. $185.00.

De nombreuses études récentes ont rappelé l’importance du premier siècle de notre ère dans l’histoire athénienne comme celui d’une transition vers une “Athènes romaine”,1 mais aucune synthèse d’envergure n’a encore été proposée au public depuis les travaux de Paul Graindor.2 La documentation disponible, essentiellement épigraphique, s’est pourtant considérablement accrue, notamment grâce aux fouilles américaines de l’Agora et aux travaux des archéologues grecs; d’autre part, l’histoire de l’Orient grec au premier siècle ap. J.-C. comme la chronologie des archontes athéniens ont fait des progrès considérables, rendant nécessaire un réexamen de la documentation plus anciennement connue.

C’est donc ce double défi que s’est proposé de relever Geoffrey Schmalz, qui livre ici une première partie d’un travail conçu en deux volumes. L’auteur s’explique très clairement de cette démarche dans une courte introduction (p. 1-5): le présent volume avait d’abord été conçu comme une série d’annexes à une synthèse (“a narrative book”) sur Athènes sous les Julio-Claudiens à paraître sous le titre Athens after Actium, A cultural Landscape between Hellenism and Rome, 31 B.C.-A.D. 68, mais devant l’ampleur que prenaient ces annexes, l’auteur a jugé plus opportun d’inverser l’ordre des choses en commençant par offrir une mise au point sur la documentation épigraphique et un catalogue prosopographique des Athéniens les plus influents de la période étudiée, qui serviraient de point d’appui à la synthèse annoncée.

Le sous-titre du livre A new epigraphy and prosopography a également une dimension programmatique: il rappelle, comme l’avaient fait ses prédécesseurs,3 combien l’histoire d’Athènes à l’époque impériale est redevable de ces sciences auxiliaires que sont l’épigraphie et la prosopographie. Face à une documentation littéraire réduite, éparse et partielle, l’épigraphie athénienne paraît en effet extrêmement riche: elle offre une variété et un stock sans cesse renouvelé de documents importants que la première partie du livre, consacrée à une révision des textes épigraphiques met particulièrement en valeur, autorisant ensuite un catalogue prosopographique des principaux acteurs de l’Athènes impériale.

La première partie, qui occupe la majeure partie du livre (p. 7-225), offre un catalogue raisonné des inscriptions athéniennes d’époque impériale qui ont été éditées après la parution des volumes de la seconde édition des Inscriptiones Graecae ou qui ont subi des corrections importantes depuis leur editio princeps ou leur parution dans les grands corpora, ainsi que celles pour lesquelles l’auteur propose un commentaire, une datation ou, plus rarement, une lecture, nouveaux. C’est-à-dire que le livre ne fournit pas une liste exhaustive des textes épigraphiques athéniens du Ier siècle — entreprise qui eût relevé de la gageure dans le cadre d’un simple volume —, mais constitue un supplément qui vient compléter ou corriger les éditions antérieures des inscriptions citées. On ne saurait reprocher ce choix éditorial à l’auteur, mais il faut reconnaître que cela ne facilite pas toujours la lecture: de fait, le lecteur doit toujours consulter le livre lorsqu’il s’intéresse à telle ou telle inscription sans savoir à l’avance ce qu’il pourra y trouver, mais il peut facilement se reporter à la table des inscriptions étudiées, p. 327-337.

Le catalogue comporte un total de 298 entrées, dont les trois quarts sont constitués par des textes des Inscriptiones Graecae; une soixantaine de numéros correspondent à des inscriptions publiées postérieurement au corpus de Kirchner et principalement issues des fouilles de l’Agora. Les textes sont classés par catégories, trente-deux au total, suivant l’ordre des Inscriptiones Graecae pour l’essentiel, alors qu’elles mériteraient d’être regroupées en de plus vastes ensembles: le catalogue présente ainsi d’abord les documents publics, notamment les décrets, au sein desquels sont isolés les décrets en l’honneur des prytanes et les listes d’archontes, puis les catalogues, suivies des dédicaces et bases de statue, regroupées en fonction du statut ou de la nature des bénéficiaires. Au sein de chaque catégorie les textes sont rangés chronologiquement.

Chaque entrée comprend la référence sous laquelle le texte est le plus commodément accessible ( IG, The Athenian Agora ou SEG), un court titre qui en indique le contenu et une date. Elle est suivie, le cas échéant, de trois rubriques qui renferment tout l’intérêt du livre et répondent aux objectifs initiaux de l’auteur: la première, “Edition(s)”, sans constituer à proprement parler un lemme, donne la liste des nouvelles éditions et des principales publications consacrées au texte; la seconde, “Commentary”, offre un résumé des résultats des nouvelles études de l’inscription mentionnées; la troisième, “New Analysis”, rassemble les commentaires personnels et les suggestions de l’auteur. Si l’utilité des deux premières rubriques n’est pas contestable — elles rendront bien des services -, il ne fait guère de doute que c’est cette dernière rubrique qui intéressera le plus les lecteurs, Schmalz proposant fréquemment pour les textes qu’il cite de nouvelles interprétations ou datations, ainsi que des rapprochements prosopographiques suggestifs.

Ces commentaires, impossibles à résumer car trop nombreux et souvent ponctuels, font du livre un instrument de travail précieux. On regrettera simplement leur caractère quelque peu elliptique, le lecteur ayant souvent l’impression de lire des notes personnelles de Schmalz, où celui-ci ne développe que très rarement sa pensée, et notamment les conséquences de ses suggestions pour notre compréhension de l’histoire athénienne. Cela s’explique probablement parce que, contrairement à l’auteur, le lecteur ne dispose pas encore de la synthèse annoncée; nul doute que sa parution rendra plus évidentes nombre de remarques de G. S.

La seconde partie (p. 227-318) se présente sous la forme d’un catalogue (alphabétique latin) d’environ 120 personnages issus des inscriptions mentionnées dans la première partie. Chaque notice comprend les renvois bibliographiques, la liste des testimonia, un rappel de l’activité du personnage et un commentaire sur sa famille. Cette partie comprend également nombre de remarques intéressantes, de nouveaux stemmata, des reconstitutions de carrière novatrices…Si on y retrouve, de fait, les Athéniens les plus en vue de la période considérée, le choix d’exclure ou d’inclure un personnage mériterait davantage d’explications. De même, on comprend mal pourquoi l’auteur fait le choix de ne pas toujours discuter pour un même personnage, l’ensemble des testimonia,4 ou de ne pas parfois prendre en compte les continuités familiales entre la basse époque hellénistique et le début l’époque impériale.5

Le catalogue débouche sur un tableau des principaux magistrats et prêtres athéniens de la période (p. 319-325). Il s’achève par une concordance entre les textes épigraphiques étudiés dans la première partie et les publications antérieures (p. 327-337) et par une riche bibliographie (p. 339-349), suivie de plusieurs indices (p. 351-369) des noms, termes et inscriptions cités dans la première partie. Ces indices rendent le livre plus maniable, mais on regrettera que l’ensemble des textes et des personnages cités dans la deuxième partie n’aient pas fait l’objet d’une indexation systématique.

Au total, le livre de G. Schmalz réunit une masse d’informations considérable et suggère de nombreuses pistes nouvelles et utiles. On pourra bien sûr reprocher à l’auteur telle ou telle de ses interprétations, de rares coquilles,6 ou des oublis dans la bibliographie,7 difficiles à éviter dans ce genre d’études; on pourra s’interroger sur tel ou tel de ses choix méthodologiques; il n’en demeure pas moins que ce livre constitue un ouvrage qui se rendra vite indispensable aux épigraphistes et aux historiens qui s’intéressent à l’Athènes impériale. Il le sera davantage encore, lorsque l’on pourra le consulter avec la synthèse promise, laquelle lui donnera tout son sens.

Notes

1. Voir en particulier M. C. Hoff et S. I. Rotroff (éds.), The Romanization of Athens, Oxford (Oxbow Monographs, 94), 1997; P. Baldassari, ΣΕΒΑΣΤΩΙ ΣΩΤΗΡΙ. Edilizia monumentale ad Atene durante il “Saeculum Augustum”, Rome (Archeologica, 124), 1998; F. Lozano, La Religión del Poder. El culto imperial en Atenas en época de Augusto y los emperadores Julio-Claudios, Oxford (BAR, 1087), 2002.

2. P. Graindor, Athènes sous Auguste, Le Caire (Recueils de travaux publiés la faculté des Lettres, 1), 1927. Id., Athènes de Tibère à Trajan, Le Caire (Recueils de travaux publiés la faculté des Lettres, 8), 1931.

3. Cf. S. G. Byrne, Roman Citizen of Athens, Louvain-Dudley (Studia Hellenistica, 40), 2003, et déjà, pour les IIe et IIIe siècles p. C., la belle étude de S. Follet, Athènes au IIe et IIIe siècle, Etudes chronologiques et prosopographiques, Paris, 1976.

4. Voir par exemple pour Papios de Marathon, S. G. Byrne, Roman Citizens, p. 393-394, qui cite plusieurs autres documents.

5. Par exemple pour Polykritos d’Azènia (p. 303) dont la famille est connue depuis le IIe siècle; ou pour Théoxénos [et non Théoxenès, p. 313], fils de Démétrios d’Acharnes dont la famille n’est pas “unknown” (un éphèbe de 107/6 porte le nom de Démétrios, fils de Théoxénos d’Acharnes: IG II2, 1011, III, 96).

6. Exempli gratia : p. 114, IG XII 3, 1392 est de Théra, non de Thasos; p. 313, le nom du zacore est Théoxénos, non Théoxenès.

7. Cf. en particulier l’ouvrage de F. Lozano, cité supra, note 1, qui s’intéresse à plusieurs personnages, prêtre du culte impérial, et cite de nombreux textes étudiés ici (avec photographie parfois, par ex. pour le no. 140, p. 110, qui rend peu probable la nouvelle restitution proposée par G. S.).