BMCR 2009.04.42

Inscriptions Grecques Dialectales de Sicile. Tome II. Hautes Études du monde gréco-romain 40

, Inscriptions Grecques Dialectales de Sicile. Tome II. Hautes Études du monde gréco-romain 40. Genève: Droz, 2008. 220. ISBN 9782600013406. $82.00 (pb).

Laurent Dubois, professeur à l’École Pratique des Hautes Études, propose dans ce recueil (par commodité IGDS II) un nouveau choix d’inscriptions découvertes en Sicile depuis la parution de son premier travail publié dans la collection de l’École Française de Rome en 1989. Comme l’auteur l’explique dans son introduction, des découvertes et des publications ont en effet sensiblement renouvelé le corpus épigraphique, si l’on songe aux tessères de Camarine, à la Lex sacra de Sélinonte et à la loi sur bronze d’Himère.

Dans sa présentation générale, L. Dubois suit le plan qu’il avait choisi dans son premier recueil: 114 inscriptions sont ainsi présentées par groupe colonial (soit 4 chapitres: colonies eubéennes, mégariennes, corinthiennes et rhodiennes), et par régions (soit 2 chapitres: l’ouest sicilien et le centre-est de l’île); 12 inscriptions d’origine incertaine sont réunies dans un septième et dernier chapitre.1 Deux annexes, l’une concernant les caractéristiques paléographiques et graphiques, l’autre portant sur les spécificités dialectales, complètent l’étude philologique du corpus. La bibliographie est relativement succincte mais chaque inscription est introduite par un apparat bibliographique bien fourni. Six indices recensent enfin les anthroponymes, les toponymes (et autres données géographiques), les divinités (sanctuaires et fêtes), les noms de mois, les verba potiora et les notabilia varia.

En tête de chaque section relative à une cité ou à un site connu, il glisse des corrections et des ajouts bibliographiques à son précédent travail, en tenant compte des débats et des acquis les plus récents comme pour les tablettes d’Entella qui sont brièvement évoquées ( IGDS II, p. 163). Mais c’est surtout le corpus d’inscriptions nouvelles et souvent traduites par ses soins qui doit retenir l’attention. Cette nouvelle moisson de documents se révèle dans bien des cas assez décevante compte tenu de leur nature propre. La majorité des documents épigraphiques n’apporte guère de connaissances directes dans le domaine civique et politique.2 Les inscriptions sur pierre sont pour la plupart des épitaphes, à l’exception de quelques inscriptions de Ségeste qui sont des consécrations de monuments faites dans un cadre évergétique et à des époques différentes. Comme le remarque justement L. Dubois, certaines cités, telles Naxos ou Léontinoi, offrent un corpus épigraphique presque indigent au regard de leur histoire. La même remarque vaut pour la cité de Catane, bien qu’à l’exemple de Naxos cette carence soit en partie compensée par l’épigraphie monétaire.

Néanmoins l’apport majeur du corpus établi par L. Dubois est de mettre à jour et de rendre plus cohérente une bibliographie souvent disparate sur des documents appartenant pour un grand nombre à des collections privées. Des interprétations nouvelles sont proposées sur les tessères de Camarine qui feraient référence non pas à 15 phratries mais à 18. L. Dubois écarte aussi dans le lot des 150 tessères découvertes en 1987 la tessère no 6 ( IGDS II, no 47), qui par sa taille et sa présentation correspondrait à un texte de malédiction. Si beaucoup d’inscriptions s’insèrent dans des séries comme les contrats de vente de Camarine ou celui de Syracuse, d’autres sont des documents d’un contenu assez exceptionnel (comme la tablette de malédiction d’Agrigente de la fin du V è siècle qui atteste de l’adoption de trois jeunes filles: IGDS II, no 76) ou encore des témoignages—plus rares—d’échanges culturels (comme l’abécédaire sur tesson d’amphore de Motyè: IGDS II, no 79). Pour la Lex sacra de Sélinonte ( IGDS II, no 18), l’étude de L. Dubois est enrichie par une nouvelle traduction solidement argumentée.

Ce supplément devrait donc rendre service à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Sicile grecque et plus généralement au monde grec occidental.

Notes

1. Il faut signaler que ces 12 inscriptions ont toutes été publiées par G. Manganaro ces dernières années.

2. Sur ce point, on peut toutefois se reporter à F. Ghinatti, Assemblee greche d’Occidente, Turin, 1996.