BMCR 2008.11.25

Elginhaugh: A Flavian Fort and Its Annexe (2 vols.). Britannia Monograph Series, No. 23

, , Elginhaugh : a Flavian fort and its annexe. Britannia monograph series ; 23. London: Society for the Promotion of Roman Studies, 2007. 2 volumes (xxxvii, 686 pages) : illustrations, 1 map ; 30 cm.. ISBN 9780907764342. $116.00 (pb).

Ces deux volumes organisés de façon complète et didactique, présentent l’ensemble des résultats de la fouille d’un fort romain flavien écossais (Elginhaugh) découvert de façon fortuite au cours d’une campagne de prospection aérienne en 1979.

Le volume 1 s’ouvre sur un sommaire très détaillé des 2 volumes, une liste des figures, une liste des planches, une liste des tableaux, des remerciements et une abondante et dense bibliographie de 17 pages (dont on appréciera le caractère multilingue).

Le chapitre 1 (introduction) présente la localisation du camp (sur une position stratégique dominant un cours d’eau et bordant la route romaine d’York à Newstead, Tweeddale) et la stratégie de fouille employée de 1986 à 1989.

Le chapitre 2 présente les travaux préparatoires à la fouille : prospection au sol avec ramassage, prospection géophysique (magnétométrie et résistivité). Certaines anomalies magnétiques ont d’ailleurs immédiatement été interprétées (à raison) comme une annexe latérale du camp.

Le chapitre 3 indique l’importance des restes préhistoriques retrouvés dans les niveaux anciens du fort : artefacts mésolithiques, fosses du néolithique ancien, fosses du néolithique tardif / âge du bronze ancien (avec céramique associée) et restes difficilement datables.

Le chapitre 4 décrit les éléments centraux du camp romain et notamment l’un des bâtiments les plus importants, le principia (équivalent des actuels quartiers généraux), d’allure massive (près de 24 m x 21 m), entrée face au sud et cerné par les voies de circulations principales du camp militaire. Dans un angle fut retrouvé un trésor monétaire, vraisemblablement en relation avec un rite religieux de fondation. Dans la cour, on trouvait un puits, avec son cerclage de bois intact. Une comparaison architecturale avec les autres principia de forts voisins (Pen Llystyn, Fendoch et Strageath) confirme son aspect rudimentaire.

Suit ensuite une description du praetorium (habitation du commandant en chef), bâtiment le plus grand du camp (28,5 m x 24 m) dont l’architecture reproduit en tous points celle d’une villa romaine ; on notera la présence de latrines (cavité de 0,85 m x 0,50 m délimitée par un cerclage de pierres plates) dans l’une des pièces du fond (room 5) dont, malheureusement, il n’est pas fait mention d’une analyse paléoparasitologique.

Sont enfin abordés les horrea (greniers), constructions oblongues de 24 m de long pour près de 10 m de large chacun, tous deux placés en parallèle.

Le chapitre 5 s’intéresse aux bâtiments périphériques du camp ( retentura), à commencer par les baraquements : les baraquements 1 et 2 étaient organisés en 2 rangées parallèles de 10 chambres doubles chacun ( contubernia), chaque pièce mesurant 4,1 m x 3,3 m ; les baraquements 3 et 4, fusionnés en U, avec des chambres de dimensions comparables (4 m x 3,4 m). Les ateliers ( fabrica), accolés au rempart, consistaient en un bâtiment rectangulaire de 32,2 m x 4,2 m.

Le chapitre 6 décrit d’autres bâtiments périphériques du camp ( praetentura), à commencer par les baraquements 5, 6 et 7 (d’aspect comparable aux baraquements 1 et 2, mais avec des chambres plus vastes et des latrines. La pigmentation du sol de certaines pièces suggère, aux yeux des fouilleurs, la présence commune des hommes (officiers et sous-officiers) et de leurs chevaux dans les mêmes baraquements (cette pigmentation étant due à l’urine des montures…).

Un bâtiment 8, à la fonction incertaine, jouxtait le baraquement 7 (écurie? atelier? magasin?).

Enfin, les baraquements 9, 10, 11 et 12 présentaient des caractéristiques identiques aux baraquements 5, 6 et 7. Une quantité impressionnante de clous (160 kg!) disposés dans une fosse, fut retrouvée dans le baraquement 10, correspondant vraisemblablement à un surplus non utilisé stocké puis abandonné lors de la destruction du fort.

Le chapitre 7 analyse l’appareil défensif du fort (rempart, tranchées, portes) au sein desquels, fréquemment, des restes organiques ont été mis au jour. Sont également étudiées les structures de drainage, les voies de circulation et les fours (alimentaires).

Le chapitre 8 décrit l’annexe du fort, située hors de l’enceinte, dans l’angle ouest. Sa fonction précise reste ignorée, bien que les fondations d’un grenier à céréales y ait été trouvé.

L’une des découvertes les plus surprenantes reste sans conteste celle du bâtiment de thermes situé, lui aussi, hors de l’enceinte du camp et analysé d’une façon pour le moins expéditive (6 pages seulement !) dans le chapitre 9. Il s’agissait d’un bâtiment rectangulaire de 18 m par 8 m, se terminant à une extrémité par une sorte d’absidiole. Au sein de cette structure massive, 3 pièces successives s’organisaient, interprétées comme caldarium, tepidarium et frigidarium. La fouille ne rapporta que quelques fragments d’hypocauste. Aucune information n’est donnée quant à l’approvisionnement en eau et à la circulation thermique dans le sous-sol. La mention du matériel associé à la fouille est plus que minimaliste.

Le volume 2 présente les artefacts issus des différentes campagnes de fouille et les analyses de post-fouille (études spécialisées).

Le chapitre 10 répertorie les catalogues de:

numismatique (100 monnaies avec un terminus ante-quem de 86 ap. J.-C. ; on remarquera la présence d’une quantité non négligeable de monnaies lyonnaises);

céramique (avec notamment une section consacrée aux mortiers dont la qualité et le type de pâte, par son degré d’incrustation de cristaux de quartz, a pu avoir des conséquences parfois fâcheuses pour l’état bucco-dentaire des consommateurs);

petits objets (éléments métalliques de catapulte et d’une balance (avec ses poids), pendentif en argent, fibules, statuette en plomb, aiguilles, clefs, bagues, miroir, boucles de ceinture, éléments d’armement et de cuirasse, etc. ; comme le note l’auteur du chapitre (p. 397), “items which might indicate the presence of women at the fort are noticeable by their absence”);

entaille;

verre et faïence;

cuir (d’importants fragments de tente, divers segments de caligae);

bois (d’origine architecturale principalement);

clous de fer;

empreintes (trace de doigts humains sur un segment de tuile, patte de chien sur une brique fragmentée);

meules à grain;

matériel non associé chronologiquement au fort (poterie néolithique, matériel lithique, artefacts de l’Age du Bronze et de l’Age du Fer);

Particulièrement intéressant est le chapitre 11 qui constitue une synthèse environnementale sur le fort. On y trouve assemblées les analyses botaniques (pollens, macro-restes végétaux), géomorphologiques et archéo-zoologiques.

Une synthèse complète constitue le chapitre 12, replaçant le fort d’Elginhaugh dans le contexte des structures militaires flaviennes de Bretagne, détaillant les implications sanitaires, alimentaires et organisationnelles. Un index détaillé, clôct cet ouvrage.

Au total, il s’agit d’une publication complète dont on peut saluer la rigueur d’exécution et le caractère multidisciplinaire des angles d’approche. On regrettera cependant que les auteurs n’aient pu réaliser (ou ne rendent pas compte?) d’étude paléoparasitologique sur les résidus de latrines ; de telles analyses auraient complété le tableau sanitaire de la garnison romaine postée dans cette région.