BMCR 2008.02.26

Origine et horizon tragiques. Coll. “Intempestives”

, Origine et horizon tragiques. Intempestives. Saint-Denis: Presses universitaires de Vincennes, 2007. 192 pages ; 22 cm.. ISBN 9782842921996. €21.00 (pb).

Origine et horizon tragiques est un ouvrage d’apparence tout à fait simple et modeste: un recueil assez mince, de moins de 200 pages avec une bibliographie conséquente, divisé en huit chapitres d’une vingtaine de pages en moyenne. Mais quel titre! Le contenu même de l’ouvrage correspond à cette impression tout extérieure: Jean Alaux ne perd jamais de vue les problèmes les plus fondamentaux qui hantent les critiques de la tragédie grecque, mais il les aborde de manière succincte à travers des questions intermédiaires et des remarques extrêmement précises sur la lettre des textes. Il en résulte un ouvrage d’une densité impressionnante, où l’érudition s’allie à l’acuité d’un regard original. Mais cette densité a aussi quelque chose de déroutant pour le lecteur, qui peut se sentir vite dépassé par la rapidité à laquelle se succèdent les remarques, et la présentation souvent allusive des références au débat critique. Le titre du livre est assez vague au premier abord, mais il se justifie à la lecture du recueil. S’il ne donne pas une idée précise de son contenu, il a le mérite d’alerter sur l’étendue de ses enjeux et de son propos.

Le livre se partage en huit chapitres, dont quatre sont issus du remaniement d’articles déjà publiés (il s’agit des chapitres 2, 3, 4 et 6). Chaque chapitre peut se lire comme un tout autonome, mais ils gagnent à être engagés dans une perspective d’ensemble. La cohésion de l’ouvrage, qui trouve sa source dans la perspective de recherche de J. Alaux, est renforcée par l’introduction qui présente l’unité du projet et la logique organisatrice du recueil. Elle se maintient tout au long du livre grâce aux transitions soigneusement travaillées entre les différents chapitres, et aux renvois occasionnels de l’un à l’autre. J. Alaux invite à considérer son livre selon une structure binaire. Les quatre premiers chapitres correspondent globalement à l’analyse du motif de l'”origine” dans la tragédie grecque conçue comme un lieu d’expression privilégié de l’imaginaire collectif. La deuxième partie de l’ouvrage correspondrait davantage à la compréhension de l'”horizon” de la réception du texte, c’est-à-dire à une réflexion sur la fonction même de la représentation tragique.

On ne peut résumer en quelques phrases le propos de J. Alaux dans chaque chapitre sans formuler des généralités énigmatiques. Je m’efforcerai donc ici de retracer à chaque fois le cheminement global de l’argumentation:

Chapitre 1: La question de l’origine, entre théâtre et politique

Le chapitre 1 introduit la question de l’origine, les tensions que cette idée génère dans l’imaginaire collectif des Athéniens du Vème siècle, et les modalités de son apparition dans la tragédie. J. Alaux montre que le thème de l’origine est au coeur de constructions idéologiques et psychiques qui engagent aussi bien l’identité politique de la cité ou du citoyen, que l’identité généalogique de l’individu et le rapport de l’homme à l’existence. L’origine, qui pose invariablement le problème du lien entre le même et l’autre, est envisagée à travers différents avatars: le mythe d’autochtonie, la généalogie, la succession des générations, la place de la femme comme mère. Ayant parcouru ces différents champs, J. Alaux se penche sur le rapport à l’origine, source d’attirance et de répulsion, objet d’une “nostalgie” dont l’individu doit se libérer pour exister pleinement. Il met ainsi en lumière les ambiguïtés qui marquent la tragédie athénienne, institution civique où s’exprime un discours parfois marginal voire subversif. Poussant jusqu’à leurs ultimes conséquences les tensions à l’oeuvre dans les représentations collectives de la cité, la tragédie met en scène la “part d’ombre du citoyen” pour mieux l’en libérer, tout en critiquant les “idéalités réductrices de la cité”. A partir de cette approche théorique, J. Alaux se tourne vers les différentes incarnations de cette question dans le corpus tragique.

Chapitre 2: Geschwister: soeurs et frères tragiques:

Ce chapitre commence par une mise au point sur la méthode de l’auteur, sa conception du texte théâtral et le type d’analyses qu’il va en proposer. On peut s’accorder ou non avec de tels présupposés, mais ils sont clairement définis: 1) partir d’une appréhension générale de la problématique envisagée et ne pas hésiter à faire valoir des rapprochements avec des références culturelles très éloignées; 2) reconnaître dans les paroles des personnages l’expression d’un imaginaire collectif qui se regarde à distance; 3) considérer le langage tragique comme fondamentalement et significativement polysémique.

Dans la suite de ce second chapitre, J. Alaux se penche sur la confusion des rapports de parenté qui affecte parfois le lien fraternel dans la tragédie. Il prend l’exemple du couple Electre-Oreste, puis plus brièvement de la figure d’Antigone chez Sophocle. Dans chacune des pièces, le lien de fraternité semble amené à condenser l’ensemble des affections familiales et à les remplacer. L’adelphe, à la fois jumeau, double, époux, mère ou père, enfant, devient de son vivant ou dans la mort l’unique représentant d’un genos qui lie le héros tragique à sa destinée, qui le définit tout en l’aliénant. La “nostalgie de l’origine” joue à plein. Le miroir, conforme et déformant, du frère ou de la soeur, entraîne le héros tragique à une solidarité absolue avec sa lignée. Pris au piège du couple fraternel, il ne pourra régler les contradictions et les drames qui affectent son genos, qu’au prix de sa propre perte.

Chapitre 3: Antigone et Niobé entre deux mondes

Dans ce chapitre, J. Alaux explore le réseau de correspondances mythiques qui se tisse autour du rapprochement d’Antigone avec la figure de Niobé dans l’ Antigone de Sophocle (v. 823-33). Soulignant le caractère a priori surprenant de cette comparaison, l’auteur cherche sa signification dans le réseau d’intertextualité qui entoure la figure de Niobé et dans la singularité de la situation d’Antigone. L’argumentation se déploie selon un enchaînement de remarques: 1) Niobé est un symbole du “deuil infini de la finitude” ( Il. XXIV) et son chagrin a traditionnellement une valeur paradigmatique; 2) Les vierges tragiques comme Antigone et Electre sont souvent rapprochées de figures de mères meurtrières à cause du trouble de leur identité familiale et de leur négativité quant à l’engendrement; 3) Antigone, dans son repli vers le genos, accueille la mort comme espace paradoxal de l’accomplissement de sa vie, oxymore figuré de manière frappante par le sort de Niobé, pétrifiée et toujours pleurante. J. Alaux poursuit ce chapitre en évoquant la figure de Niobé dans les Métamorphoses d’Ovide, puis explore le lien entre Antigone, Niobé et la longue tradition de l’ “immortalité mélancolique”, que l’on retrouve chez Baudelaire ou les psychiatres du XIXème siècle.

Chapitre 4: Les Suppliantes d’Eschyle: la caresse divine et le rapt masculin:

J. Alaux étudie dans ce chapitre un autre mythe où se manifeste la problématique du rapport à l’origine, celui des Danaïdes, traité par Eschyle dans ses Suppliantes. Il commence par situer la pièce dans le contexte de la trilogie à laquelle elle appartenait, en exposant et en commentant les différentes reconstitutions qui en ont été faites. Il se livre ensuite à une analyse détaillée des passages où les raisons de leur fuite sont formulées par Danaos ou par ses filles. Leur refus catégorique du mariage et leur idéalisation de l’union entre Io et Zeus, origine de leur lignée, constituent un nouvel exemple de repli mortifère vers l’origine. Le paradoxe des Danaïdes, comme le montre J. Alaux, est de refuser le mariage dans l’absolu sous la forme d’un mariage fortement endogamique (elles sont poursuivies par leurs cousins qui veulent les épouser). L’horreur de l’union avec les cousins devient le prétexte à un refus radical du mariage, perçu comme une violence déchirante. J. Alaux établit la cohérence de cette lecture avec le reste du mythe, tel qu’il devait apparaître dans la suite de la trilogie, ainsi qu’avec le célèbre châtiment des Danaides aux Enfers (condamnées à remplir sans fin des tonneaux percés).

Chapitre 5: L’effet tragique: Aristote et en-deçà:

Ce chapitre ouvre la deuxième partie du recueil, consacrée à une réflexion sur la tragédie envisagée non plus comme support d’expression d’un imaginaire collectif, mais comme un mode de création singulier, cherchant dans l’espace de la représentation à créer des effets calculés sur le public. Avant de se tourner vers le témoignage des oeuvres elles-mêmes sur cette question, J. Alaux revient sur le témoignage d’Aristote et sur le principal effet que celui-ci attribue à la tragédie dans sa Poétique : la catharsis. C’est en effet en référence à ce texte fondateur que le débat autour de la fonction de la tragédie grecque s’est organisé jusqu’à aujourd’hui en différentes propositions. J. Alaux ne prétend pas résoudre la question controversée du sens de la catharsis aristotélicienne, mais il réussit malgré tout l’exploit de résumer en quelques pages le débat qu’elle a suscité et les points principaux qui le structurent: la tragédie est-elle homéopathique ou allopathique (la tragédie conçoit-elle la crainte et la pitié comme purement négatives, ou comme positives?); la catharsis opère-t-elle selon un mode conforme à la dimension institutionnelle du spectacle tragique en célébrant l’idéologie de la cité , ou tend-elle au contraire à libérer pour un temps le citoyen du carcan des représentations collectives, en révélant leurs limites? L’exposé de ces oppositions conduit J. Alaux à l’établissement d’hypothèses modérées qui vont par la suite servir de cadre interprétatif à l’analyse des indices fournis par les pièces.

Le chapitre se conclut par une première mise en pratique avec un rapide examen des Guêpes d’Aristophane. J. Alaux interprète la cure imposée à Philocléon par son fils, dans la première partie de la pièce, comme une mise en abyme de la catharsis comique, ce qui est confirmé par la parabase où Aristophane défend les vertus de la comédie. La pièce révèle ainsi dans la catharsis comique un procédé homéopathique (sur le mode du traitement qui guérit Philocléon). La parabase confirme d’autre part le double appel de la comédie à l’émotion et à l’intellect du spectateur. Cette double dimension, propre également à la tragédie, s’accorde avec la nature même de la représentation théâtrale, qui allie distance conventionnelle et immédiateté du spectacle.

Chapitre 6: La mimésis dans les Perses d’Eschyle:

La pièce des Perses, dont le sujet est emprunté à l’histoire récente et non à un passé mythique, donne à J. Alaux l’occasion d’étudier la place du politique et de l’idéologie civique, voire ici patriotique, dans l’écriture tragique. Le tragique ne naît pas ici d’une péripétie ou d’un coup de théâtre entraînant un retournement dans le cours de l’action. Le renversement tragique est donné par le sujet même de la pièce: la défaite du grand empire perse, incarnée à la fin de la pièce par l’arrivée de Xerxès, le grand Roi, vaincu et en haillons. La portée politique et la vocation patriotique du drame sont évidentes. J. Alaux y revient en insistant notamment sur les déformations historiques et les exagérations grâce auxquelles Eschyle donne à la victoire grecque — et bien sûr athénienne en premier lieu — sa portée mythique. Mais l’auteur démontre dans un deuxième temps que la dimension politique de la pièce se double d’une autre perspective qui, rapprochant et confondant Grecs et Perses, doit rendre le spectateur sensible au malheur de l’ennemi, au-delà de tout manichéisme. Le langage même participe à la confusion en faisant résonner dans le nom des vainqueurs les lamentations des vaincus. J. Alaux montre aussi que derrière la guerre des Perses, victoire digne de célébration pour un Grec, le texte eschyléen dessine l’ombre de la stasis, qui est pour la cité un désastre absolu où il n’y a pas de vainqueurs. Enfin, la défaite est envisagée du côté perse dans un contexte familial, et chantée par le choeur comme une douleur privée pour chaque maison, ce qui donne au drame une valeur universelle. J. Alaux met ainsi en lumière la complexité de la mimesis tragique et des sentiments que le poète cherche à éveiller chez le spectateur.

Chapitre 7: Tropismes de fuite, désirs de mort:

Dans le chapitre suivant, J. Alaux insiste également sur l’universalité inhérente au message tragique, en prenant pour objet d’étude le thème récurrent du désir de fuite dans un ailleurs souvent inaccessible. Les exemples invoqués sont extrêmement nombreux, ils proviennent de plus d’une dizaine de pièces. Il ressort des passages étudiés que le désir de fuite est souvent spatialisation du désir de mort, ou du désir impossible de ne pas exister. Le thème est au coeur de la souffrance tragique, puisqu’il lie souvent les aspirations du choeur et du héros. Développé en général dans un chant du choeur, il relève du discours lyrique. Or le choeur tragique est composé le plus souvent de membres d’une catégorie en marge de l’espace civique: femmes, vieillards, captives. Le désir de fuite est donc lié à l’expression de la souffrance individuelle et universelle: même les marins de Salamine, dans Ajax, se mettent ouvertement du côté de l’ anthrôpos contre l’ anêr lorsqu’ils maudissent la guerre (alors qu’ils sont des soldats!). A l’appui de ses paroles, le choeur tragique est d’ailleurs concrètement enfermé dans l’espace de l’ orchestra, tout comme l’homme est enfermé dans les limites de sa propre condition. Le topos du désir de fuite est ainsi, selon J. Alaux, un des effets de pathos qui invitent à penser que la tragédie ne s’adresse pas seulement au citoyen, mais aussi à chaque individu en tant qu’homme.

Chapitre 8: catharsis et réflexivité:

Ce chapitre conclusif poursuit la réflexion sur l’universalité du message tragique en partant des analyses de Nicole Loraux dans La Voix endeuillée. J. Alaux y analyse la dimension réflexive qui caractérise de nombreuses tragédies grecques. Le terme luein, “délier”, est utilisé par Aristote pour désigner la deuxième partie d’une tragédie, le “dénouement” ( lusis). J. Alaux donne plusieurs exemples de tragédies dans lesquels le terme apparaît avec une signification remarquablement proche, souvent dans des passages où la catastrophe est encore ignorée par le choeur et les personnages. Nicole Loraux voit dans ce type de passages les moments les plus frappants pour le spectateur, renvoyé à la précarité de sa condition. A l’inverse, pour Charles Segal, c’est dans les moments où la tragédie montre la résolution du conflit par la réintégration dans la communauté qu’elle est le mieux à même de toucher le spectateur-citoyen.

J. Alaux développe ensuite l’exemple du Philoctète de Sophocle. Son analyse de la structure de la pièce met en évidence la tension qui existe dans le double dénouement de la tragédie. Le premier dénouement, structurel, amènerait Néoptolème à renoncer à se rendre à Troie, et à raccompagner Philoctète chez lui. C’est le dénouement du conflit “éthique” de la pièce. L’apparition d’Héraclès, qui réussit finalement à convaincre Philoctète de renoncer à sa rancune, apporte le dénouement pragmatique qui permet à l’action de rejoindre la tradition mythologique — et conforte l’interprétation de Pierre Vidal-Naquet, qui voit dans la pièce une initiation éphébique. Mais J. Alaux insiste avec raison sur le hiatus qui existe entre ces deux dénouements, l’un en appelant à des valeurs universelles contre une communauté politique susceptible de les transgresser, l’autre à la nécessité d’une réintégration dans cette communauté. Le dernier exemple de réflexivité envisagé, peut-être le plus criant, est celui des Bacchantes d’Euripide. Le fonctionnement de la pièce, qui met en scène comme personnage le dieu tutélaire de la tragédie, révèle dans sa complexité grinçante, dissonante, la nature complexe et conflictuelle de la représentation tragique: la mise en scène de la destruction permet une libération des émotions bannies ou régulées dans le cadre civique, et engage le spectateur à reconnaître les limites de sa condition d’homme mortel.

On ne trouvera pas dans ce livre une interprétation complète et systématique d’une pièce. Son objet est la tragédie grecque dans son ensemble; non pas l’histoire de la tragédie grecque, mais son sens. J. Alaux dit s’adresser dans cet ouvrage à un public large: en effet, les citations sont traduites et le grec systématiquement donné en translittération. Cependant les spécialistes et les non-spécialistes ne sauraient avoir la même lecture d’un ouvrage qui repose sur une telle familiarité avec les textes et le débat interprétatif dont ils sont l’objet.

La lecture de certaines pages (en particulier le chapitre 3) est ardue: l’éventail des remarques, qui vont de l’analyse détaillée du texte à des considérations généralisantes rend parfois le fil du propos difficile à suivre. D’autant que le cheminement de l’argumentation n’est pas toujours explicité et que c’est alors au lecteur de le reconstruire — la deuxième partie est beaucoup plus claire de ce point de vue. Autre difficulté: l’abondance des notes, placées en fin de chapitre, oblige à interrompre fréquemment la lecture. On peut d’ailleurs se demander si celles-ci sont toujours nécessaires, en particulier lorsqu’elles ne font que souligner un détail formel sans lien véritable avec l’argumentation (ainsi lorsque, commentant la parabase des Guêpes, J. Alaux signale en note un procéleusmatique, “rareté métrique”, ou encore un chiasme dans une comparaison, cf. notes 67 et 69 chapitre 5).

On peut douter de la lisibilité du livre de J. Alaux pour un public non averti. Sa qualité première reste celle d’être un livre stimulant, foisonnant d’idées, qui invite à la réflexion et au débat. La perspective est toujours à la fois littéraire et anthropologique, d’où la difficulté, par moments, de suivre un raisonnement qui prend en compte simultanément une telle masse d’enjeux. Mais la tragédie grecque est bien la résultante de cette multiplicité de facteurs: conditions institutionnelles de la représentation, contexte historique de la composition de chaque oeuvre, données mythiques de la tradition, exigences génériques et génie individuel … Cette complexité est indéniable, et J. Alaux, que l’on s’accorde ou non sur le détail de ses analyses, refuse toute simplification et affronte le problème de manière exemplaire. Son approche, qui se situe sans cesse par rapport aux autres approches existantes, aboutit de plus à une vision de la tragédie grecque qui a le mérite de rendre compte des tensions inhérentes au genre sans chercher forcément à les résoudre, et d’être ainsi singulièrement cohérente et englobante.

Table:

Avant-propos

1. La question de l’origine, entre théâtre et politique

2. Geschwister: soeurs et frères tragiques

3. Antigone et Niobé entre deux mondes

4. Les Suppliantes d’Eschyle: la caresse divine et le rapt masculin

5. L’effet tragique: Aristote et en-deçà

6. La mimésis dans les Perses d’Eschyle

7. Tropismes de fuite, désirs de mort

8. Catharsis et réflexivité

Bibliographie.