BMCR 2007.10.30

Hermae. Scholars and Scholarship in Papyrology

, Hermae : scholars and scholarship in papyrology. Biblioteca degli "Studi di egittologia e di papirologia", 4. Pisa: Giardini, 2007. 399 pages : illustrations ; 31 cm.. ISBN 8842714429. €290.00 (pb).

[Authors and titles are listed at the end of the review.]

On attend depuis longtemps un Who’s who in Papyrology. Ce livre ne comble pas l’attente dans la mesure où il est consacré à un nombre trop peu élevé de papyrologues. En revanche, il donne sur plusieurs de ceux-ci des informations beaucoup plus étoffées que celles figurant dans un Who’s who.

En effet, comme l’indique M. Capasso dans la préface (p. 9-15), ce volume, fruit de la collaboration internationale et de l’ amicitia papyrologorum, poursuit trois buts: être un hommage, constituer un bilan historiographique, favoriser quelques réflexions. Il contient le portrait de trente-neuf savants qui, de la fin du XVIIe siècle à nos jours, ont contribué d’une manière ou d’une autre à la naissance et au développement de la papyrologie, ouvrant la voie à ceux qui les ont suivis. L’éditeur a laissé la liberté de rédaction aux collaborateurs, mais, en plus des informations biographiques, bibliographiques ou portant sur le cursus scientifique et universitaire que l’on attend d’habitude dans ce genre d’ouvrage, il leur a demandé, lorsque c’était possible, d’être attentifs à la formation culturelle des savants en question, au milieu dans lequel ils ont travaillé, aux difficultés auxquelles ils ont été confrontés, à leur engagement citoyen, aux valeurs humaines dont ils ont fait preuve au cours de leur carrière. C’est sans doute là que réside l’originalité du livre. M. Capasso précise encore que l’ouvrage n’est pas, ne veut pas et ne pourrait pas être une histoire de la papyrologie. On n’en doute pas un seul instant, mais il constitue à coup sûr une très belle contribution à cette histoire. Il prend d’ailleurs une place primordiale parmi les nombreux travaux que les papyrologues, italiens surtout, ont consacré récemment à l’histoire de leur discipline.

Les sources utilisées par les différents collaborateurs sont variées: éléments autobiographiques du savant, correspondance épistolaire avec des collègues, souvenirs personnels de l’auteur du portrait, souvenirs personnels de proches du savant, archives parfois inédites, écrits scientifiques du savant. Elles ont permis d’écrire la biographie plus ou moins étoffée — de une à vingt-neuf pages selon le cas — des savants sélectionnés. Le classement est établi en fonction de l’année de naissance. M. Capasso ouvre la série par le paléographe danois N. I. Schow qui a publié le premier papyrus grec d’Egypte arrivé en Occident (p. 20-27). T. Dorandi poursuit avec Th. Gomperz, philologue qui s’est intéressé de près aux papyrus (p. 29-43). L’oeuvre du princeps des papyrologues italiens, G. Vitelli est présentée par M. Manfredi (p. 45-52). W. M. F. Petrie était avant tout un archéologue, mais le soin qu’il apporta aux papyrus qu’il exhuma des sables d’Egypte font qu’il mérite une place dans l’histoire de la papyrologie. C’est C. Römer qui nous le rappelle (p. 53-55). Vient ensuite Fr. Preisigke dont A. Jördens écrit que, si la papyrologie est de nos jours une des disciplines les mieux organisées, c’est à Preisigke qu’elle le doit. Il est vrai qu’il est à la base des quatre piliers de la discipline: le Namenbuch enthaltend alle … Menschennamen, soweit sie in griechischen Urkunden (Papyri, Ostraka, Inschriften, Mumienschildern usw) Ägyptens sich vorfinden, le Wörterbuch der griechischen Papyrusurkunden, le Sammelbuch der Griechischen Urkunden aus Ägypten et l’incomparable Berichtigungsliste der Griechischen Papyrusurkunden aus Ägypten (p. 57-66). H.-A. Rupprecht consacre quelques pages au fondateur de la papyrologie juridique, L. Mitteis (p. 67-70). H. Harrauer s’est chargé de la biographie de C. Wessely. Il met en valeur le travail d’inventorisation de la collection viennoise et l’humilité avec laquelle Wessely s’est intéressé aux plus petits des fragments, les mettant de la sorte en valeur (p. 71-75). P. Pruneti a porté son attention sur E. Pistelli, qui a non seulement édité des papyrus, mais a aussi dirigé les fouilles qui ont enrichi les collections papyrologiques italiennes (p. 77-79). G. Poethke décrit très bien la carrière d’U. Wilcken, “maître et père des papyrologues”, mais aussi historien de grand talent (p. 81-96) et celle de W. Schubart qui contribua à conférer à la papyrologie le statut de branche autonome parmi les sciences de l’antiquité (p. 193-205). Elève de M. Capasso, N. Pellé a pris sur elle d’écrire quatre biographies. Elle met en valeur l’apport de F. G. Kenyon en matière de paléographie des papyrus (p. 97-105), l’extraordinaire don de déchiffreur de C. C. Edgar (p. 181-186) et d’O. Guéraud (p. 273-280), la multiplicité des intérêts, la sensibilité et la générosité d’A. Bataille (p. 309-314). P. Buzi dresse le portrait de W. E. Crum, le fondateur de la papyrologie copte (p. 107-113). L. Lehnus n’a pas voulu séparer les Dioscures de la papyrologie: B. P. Grenfell et A. S. Hunt. Les éditeurs des premiers volumes des Oxyrhynchus Papyri se complétaient à merveille, le premier se tournant plutôt vers les textes documentaires, le second vers les littéraires (p. 115-141). G. Husson s’intéresse à P. Jouguet, fondateur du premier institut papyrologique de France, mais aussi animateur de la vie scientifique et culturelle de l’Egypte moderne (p. 143-152). I. F. Fikhman consacre un long article à G. F. Cereteli, leader de l’école papyrologique soviétique et fondateur de la philologie classique géorgienne, mort dans les geôles soviétiques à une date inconnue (p. 153-180). La contribution de K. Kleve, faite des souvenirs de nombreux contemporains de S. Eitrem, rend le portrait de ce dernier particulièrement attachant (p. 187-191). C’est M. Norsa qui reçoit le traitement le plus approfondi avec deux contributions: G. Bandelli montre comment Norsa en est venue à faire de la papyrologie “l’unique raison de sa vie” (p. 207-221) et M. Capasso met en valeur toutes les qualités papyrologiques et humaines de la savante italienne (p. 223-241). Selon D. Delattre, P. Collart, qui s’est consacré plutôt à la papyrologie littéraire et aux papyrus scolaires, joua un rôle discret mais non négligeable dans le monde de la papyrologie internationale (p. 243-246). C. Gallazzi décrit un A. Vogliano philologue, épigraphiste, papyrologue et fouilleur (p. 247-262). Dans son portrait d’A. Calderini, S. Daris met en relief les qualité d’organisateur du savant (p. 263-270). B. G. Mandilaras s’attache à la biographie de deux papyrologues grecs: G. Petropoulos, fondateur de la discipline en Grèce, historien du droit romain à travers les papyrus (p. 271-272) et J. Kalleris qui s’est formé auprès des grands papyrologues de l’époque, mais brilla moins par son apport aux études papyrologiques que par ses contributions à l’histoire de la Macédoine et au dictionnaire de la langue grecque publié par l’Académie d’Athènes (p. 281). Epigraphiste, papyrologue, historien, connaisseur de la littérature grecque, C. B. Welles est l’objet d’une belle notice de R. S. Bagnall (p. 283-286). De la contribution de J. Bingen sur C. Préaux (p. 287-294) émerge la grandeur de cette savante en tant qu’historienne et éditrice de textes. Ses interlocuteurs étaient frappés par sa curiosité sans limite, son ouverture sur le monde et l’attention qu’elle portait à la nouveauté: qui sait qu’elle avait dirigé la première thèse belge de mycénologie ? L. Koenen a accepté la lourde tâche de faire le portrait de H. C. Youtie, le “papyrologue des papyrologues”, un des plus grands représentants de la discipline et un pédagogue hors pair (p. 295-305). D. J. Thompson présente T. C. Skeat, papyrologue, paléographe et codicologue (p. 307). J. Gascou fut l’élève de J. Scherer. Il en dresse un portrait d’où ressortent les dons scientifiques du savant français, mais aussi sa conscience éthique et professionnelle exemplaire (p. 315-316). P. J. Parsons insiste sur l’importance d’E. G. Turner en tant que lien entre les papyrologues et représentant de la papyrologie auprès des autres disciplines (p. 317-325). G. Bastianini voit en V. Bartoletti l’éditeur de textes (p. 327-334). J. O’ Callaghan (1922-2001), papyrologue, philologue classique et spécialiste du Nouveau testament à travers les papyrus a trouvé sa biographe en A. Passoni Dell’Acqua. F. Longo Auricchio est l’auteure de la contribution sur M. Gigante, fondateur du Centro Internazionale per lo Studio dei Papiri Ercolanesi et admirable rénovateur de la recherche sur les papyrus d’Herculaneum (p. 347-355). A. Hanafi définit A. H. el-Mosallamy comme le pionnier de la papyrologie égyptienne (p. 357-358). H. Maehler met en relief la diversité des intérêts scientifiques de W. M. Brashear et ses qualités humaines (p. 359-362). Dans un article sur les débuts de l’école papyrologique de Florence (p. 363), P. Pruneti relève la contribution à l’édition des Papiri della Società Italiana di Papirologia de L. Cammelli (p. 364-365), T. Lodi (p. 366-368) et M. Sansoni (p. 369-370). Enfin, P. Radiciotti apporte une contribution à l’histoire des rapports entre papyrologie et paléographie (p. 371-381). L’ouvrage se clôture sur un index des noms de personnes modernes (p. 383-399). Relevons encore que, sauf quelques exceptions (Römer, Kleve, Mandilaras, Koenen, Hanafi utilisent l’anglais; Fikhman, l’italien), les contributions sont écrites dans la langue maternelle de leur auteur. La plupart sont illustrées d’un portrait du savant en peinture ou photographie (Pistelli, Edgar, Cammelli, Lodi, Sansoni manquent à l’appel), quelques-unes sont pourvues de la photographie de documents (lettres, documents officiels).

C’est l’évidence même : quelques savants dont l’apport à la papyrologie n’est pas mince sont absents de ce livre. Si je m’en tiens à la Belgique francophone et à la France, méritaient d’y figurer : Marcel Hombert, “l’âme des congrès internationaux de papyrologie, dont la série s’est ouverte à Bruxelles en 1930, et le père de l’Association Internationale de Papyrologues”, compilateur avisé de l’irremplaçable Bibliographie papyrologique sur fiches ou encore Alfred Tomsin qui, avec l’aide du Laboratoire d’analyse statistique des langues anciennes de l’Université de Liège, fut l’un des premiers, sinon le premier, à utiliser l’informatique en papyrologie. Par ailleurs, si tous les directeurs de l’Institut papyrologique de la Sorbonne se trouvent dans l’ouvrage, ceux de l’Institut de papyrologie de Strasbourg (sauf Preisigke) brillent par leur absence: Paul Collomp, qui poursuivit la publication de la collection strasbourgeoise et fit preuve de qualité citoyenne en donnant sa vie pour son pays ainsi que Jacques Schwartz qui publia des centaines de papyrus en partageant son savoir avec un nombre considérable d’étudiants. Bien entendu, on devine aisément à quelles difficultés M. Capasso a été confronté: les candidats à la biographie étaient nombreux alors que le livre devait rester dans des limites raisonnables, il fallait trouver les auteurs susceptibles de rédiger les biographies en question, le plus grand nombre possible de pays ayant donné des papyrologues devait figurer dans l’ouvrage. M. Capasso est donc volontiers pardonné à la seule condition de ne pas nous laisser sur notre faim. On veut une suite à ce livre, rapide et de qualité identique!

CONTENTS

Mario Capasso, Premessa

Mario Capasso, Niels Iversen Schow (1754-1830)

Tizian Dorandini, Theodor Gomperz (1832-1912)

Manfredo Manfredi, Girolamo Vitelli (1849-1935)

Cornelia Römer, William Matthew Flinders Petrie (1853-1942)

Andrea Jördens, Friedrich Preisigke (1856-1924)

Hans-Albert Rupprecht, Ludwig Mitteis (1859-1921)

Hermann Harrauer, Carl Wessely (1860-1931)

Paola Prunetti, Ermenegildo Pistelli (1862-1927)

Günter Poethke, Ulrich Wilcken (1862-1944)

Natascia Pellé, Frederic George Kenyon (1863-1952)

Paola Buzi, Walter Ewing Crum (1865-1944)

Luigi Lehnus, Bernard Pyne Grenfell (1869-1926) e Arthur Surridge Hunt (1871-1934)

Geneviève Husson, Pierre Jouguet (1869-1949)

Isaak F. Fikhman, Grigorij Filimonovic Cereteli (1870-1939?)

Natascia Pellé, Campbell Cowan Edgar (1870-1938)

Knut Kleve, Samson Eitrem (1872-1966)

Günter Poethke, Wilhelm Schubart (1873-1960)

Gino Bandelli, Medea Norsa: gli anni giovanili (1877-1912)

Mario Capasso, Medea Norsa: gli anni della maturità (1906-1952)

Daniel Delattre, Paul (Vital, Ferdinand) Collart (1878-1946)

Claudio Gallazzi, Achille Vogliano (1881-1953)

Sergio Daris, Aristide Calderini (1883-1968)

Basil G. Mandilaras, George Petropoulos (1897-1964)

Natascia Pellé, Octave Gueraud (1901-1987)

Basil G. Mandilaras, John Kalleris (1901-1992)

Roger S. Bagnall, Charles Bradford Welles (1901-1969)

Jean Bingen, Claire Préaux (1904-1979)

Ludwig Koenen, Herbert Chayyim Youtie (1904-1980)

Dorothy J. Thompson, Theodore Cressy Skeat (1907-2003)

Natascia Pellé, André Bataille (1908-1965)

Jean Gascou, Jean Scherer (1911-2001)

Peter J. Parsons, Eric Gardner Turner (1911-1983)

Guido Bastianini, Vittorio Bartoletti (1912-1967)

Anna Passoni Dell’Acqua, P. José O’ Callaghan Martínez, S. J. (1922-2001)

Francesca Longo Auricchio, Marcello Gigante (1923-2001)

Alia Hanafi, Abdallah Hassan el-Mosallamy (1934-1998)

Herwig Maehler, William Matt Brashear (1946-2000)

Paola Pruneti, Gli inizi della “Scuola Papirologica” fiorentina. Lorenzo Cammelli (1888-1956). Teresa Lodi (1889-1971). Matilde Sansoni (1891-1994)

Paolo Radiciotti, Contributo alla storia dei rapporti fra papirologia e paleografia.