BMCR 2007.09.33

Imaging Ancient Rome: Documentation-Visualization-Imagination. Journal of Roman Archaeology Suppl. Series, 61

, , , Imaging ancient Rome : documentation, visualization, imagination : proceedings of the Third Williams Symposium on Classical Architecture, held at the American Academy in Rome, the British School at Rome, and the Deutsches Archäologisches Institut, Rome, on May 20-23, 2004. Journal of Roman archaeology. Supplementary series, no. 61. Portsmouth, RI: Journal of Roman Archaeology, 2006. 337 pages : illustrations, maps ; 29 cm.. ISBN 188782961X. $125.00.

[Authors and titles are listed at the end of the review.]

Comment se représenter, comment présenter, aujourd’hui, la Rome antique en images— images mentales et pictures matérielles ? C’est autour de cette question—à laquelle le processus en trois étapes suggéré par le sous-titre du volume apporte un premier élément de réponse – qu’ont réfléchi les 2 rédacteurs et les 36 auteurs— et alii !—de cet ouvrage, qui constitue la publication des quatre jours d’un colloque tenu en mai 2004 à l’American Academy, à la British School et au Deutsches Archäologisches Institut de Rome. On retrouve ainsi, logiquement, aux côtés de 13 auteurs italiens, un nombre sensiblement égal de chercheurs rattachés à ces trois grandes écoles étrangères en Italie. L’objectif de ses organisateurs était d’explorer l’ urban image de la Rome antique dans toutes ses dimensions, au travers des sources littéraires, des témoignages archéologiques mais surtout, plus spécifiquement, au prisme des nouvelles technologies. Pour qui ne pourrait se plonger dans les 22 contributions qui composent ce fort (337 p.) volume, la préface de Lothar Haselberger (p. 7-11) offre un cadre très complet des questions abordées, ainsi qu’un résumé de chacune d’entre elles efficacement relayé, en fin de volume, par un épilogue signé conjointement par ses deux rédacteurs. Les contributions ont été réparties en cinq chapitres qui regroupent, pour autant que leur extrême diversité permettait de le faire, les principaux thèmes abordés.

1. Repicturing the familiar: Tiber, hills and cults (p. 13-73).

Deux approches bien distinctes se partagent cette première partie. Celle de Domenico Palombi (p.15-29), fondamentalement littéraire, explore deux idées qui, transmises par la littérature latine, nous sont devenues aujourd’hui familières: celle du “Tibre blond” ( flavus) et celle des sept collines de Rome. Le premier dossier lui permet de souligner l’importance de la poésie, à l’époque d’Auguste, dans l’élaboration et la redéfinition de l’imaginaire urbain; le second retrace la genèse, à partir de Varron, de l’idée d’une Rome des sept collines, figée à jamais dans l’histoire par l’oeuvre de Virgile.

Les trois autres contributions, fondées sur l’apport de l’archéologie, concernent les deux collines les plus célèbres de Rome, le Palatin et le Capitole, mais aussi un site qui, lui, est loin de faire partie du panorama familier de la topographie romaine, puisque c’est à des travaux aussi récents que spectaculaires qu’il doit sa redécouverte actuelle. Leur point commun est de recourir à des approches classiques—le terme de familiar s’y applique donc bien —, fondées sur les instruments traditionnels de la topographie romaine. Pier Luigi Tucci (p. 63-73) reprend l’examen de l’ arx capitolina dont il discute et renouvelle en partie l’étude topographique: on notera en particulier ses rflexions sur l’ Iseum capitolin et sur la domus de l’Aracoeli qui connotait aussi le lieu, contrairement à une idée communément répandue, comme résidentiel.

Patrizio Pensabene et Alessandro D’Alessio (p. 30-49) mettent en évidence la présence d’un espace sacré, fonctionnant à la fin de la République comme un véritable musée des origines, à l’angle sud-ouest de la colline du Palatin. Ici, l’accent est mis sur la description des structures—notamment un mur en réticulé régulier dont la datation à la fin du II e siècle av. J.-C. (p.40), si elle devait se confirmer, remettrait en cause bien des convictions —, sur l’insertion dans la Ville de cette seconde acropole romaine (dont il est remarquable que les temples soient plutôt orientés vers l’Aventin que vers le Capitole), et sur l’interprétation historique des vestiges en liaison avec l’affirmation du pouvoir de Marius.

T. P. Wiseman (p. 51-61), tout en soulignant l’importance et la validité conservées par l’approche traditionnelle pour tirer pleinement partie des moyens technologiques modernes, s’oppose à l’interprétation des vestiges de la piazza Euclide comme le sanctuaire du culte le plus ancien d’Anna Perenna qu’il situe, à partir des sources littéraires et épigraphiques, au nord du Champ-de-Mars; cette déesse n’aurait investi le site, avec ses nymphes, qu’à partir du règne de Caligula.

2. Re-creating urban realities from paintings, coins, and the water-supply (p. 74-118).

La seconde partie nous met elle aussi, dans une large mesure, en contact avec le familiar : peinture, numismatique, hydraulique. La contribution la plus directement liée à la ville de Rome est celle de Carlos F. Noreña (p. 91-105), qui cherche à reconstruire la topographie résidentielle d’époque augustéenne en croisant les indications fournies par le texte de Frontin, par les découvertes archéologiques et par les Régionnaires.

Elisha A. Dumser (p. 106-118) reprend l’examen des monnaies de Maxence marquées AETERNAE MEMORIAE, dont elle conclut qu’elles ne peuvent représenter un seul édifice : elles ne figurent probablement que des concepts symboliques, l’idée du monument plutôt qu’un monument réel. Les mêmes incertitudes parcourent la contribution d’Umberto Pappalardo et Annapaola Capuano (p. 75-90), qui nous entranent hors de Rome et s’interrogent—interrogation qui renvoie, en filigrane, aux problèmes d’exégèse posés par la ville peinte de l’Oppius—sur la réalité architecturale des édifices représentés sur les fresques de la zone vésuvienne. L’exemple de la restitution perspective de l’ oecus corinthien de la maison du Labyrinthe à Pompéi leur permet de poser les problèmes de mise à plat de l’architecture et de conclure qu’il s’agissait d’une peinture populaire, réaliste et donc, somme toute, exploitable pour construire les restitutions tridimensionnelles actuelles.

3. The real and the virtual: Fora, Colosseum, and Palaces (p. 119-234).

La troisième partie, la plus importante du livre par son volume et le nombre de contributions qu’elle rassemble, concerne strictement l’archéologie du centre historique de Rome: Forum romain, forums impériaux, domus Severiana, domus Aurea, Colisée. A tout seigneur, tout honneur, la digitalisation du Forum romain, combinant interactivité et réalisme photographique, et conc,ue simultanément comme instrument de recherche scientifique, outil pédagogique et vecteur de diffusion des connaissances, fait l’objet de la communication de Bernard Frischer et alii (p.163-182). Ce travail ne représente cependant qu’une partie d’une entreprise plus vaste, le Rome Reborn project, qui vise à donner une image d’ensemble de la ville antique à un moment très précis, le 21 juin 400 ap. J.-C., à 10 h du matin. La recréation virtuelle se fonde sur une étude archéologique minutieuse illustrée ici par l’exemple de la basilica Aemilia (sur la base des travaux de R. Bauer) et par ceux des temples de Saturne et de Vespasien divinisé. Les auteurs mettent l’accent sur l’intérêt que présente ce type de représentation, notamment pour prendre conscience du phénomène de confiscation précoce par l’empereur des points de vue d’ensemble et des monuments dominants.

Mais c’est évidemment aux forums impériaux qu’est consacrée la partie la plus importante de ce chapitre. On peut l’aborder par la lecture de la contribution de Roberto Meneghini (p. 144-161) qui met en perspective les restitutions les plus récentes—dont une du complexe au Xe siècle, particulièrement suggestive—avec les plus anciennes, à commencer par celle de Pirro Ligorio (1561) dont il met en évidence les anachronismes induits par la conception d’une cité idéale de la Renaissance, et jusqu’aux travaux des pensionnaires de l’Académie de France à Rome, contemporains des grandes fouilles de la première moitié du XIXe siècle ; ceux-ci reflètent pourtant encore, tout comme les restitutions de Corrado Ricci, une recherche du beau et de l’effet qui est tout à fait absente, en revanche, de la grande maquette de Gismondi. Avec les années 1980, les premières illustrations élaborées sur ordinateur ouvrent la voie à un processus irréversible.

La promenade à laquelle nous invite Eugenio La Rocca (p. 121-143) s’organise selon un double fil conducteur: celui de l’impact des architectures sur le spectateur, et celui de l’accès d’origine aux différents forums. Son approche met particulièrement en évidence ce dernier point, et la contradiction entre l’accès monumental que nous tendons spontanément à attribuer ce type de complexe et la discrétion des solutions réellement adoptées: les forums impériaux de Rome fonctionnent comme un ensemble de botes closes sur elles-mêmes, indépendantes l’une de l’autre et facilement contrôlables—une conception, par conséquent, profondément différente de celle du forum républicain ou d’autres places analogues du monde romain, comme celle d’Athènes.

Lucrezia Ungaro (p. 191-202) s’interroge sur la manière de présenter au grand public la zone des forums impériaux, telle que l’histoire du site l’a fac,onnée depuis ses origines, jusqu’à l’ouverture de la via dei Fori Imperiali en 1931 et aux grandes fouilles réalisées entre 1996 et 2000. Le musée projeté dans les vestiges du marché de Trajan, combinant relevés et restitutions des monuments, recomposition des décors et remontage d’ensembles architecturaux, sera intégré à la visite du site.

Spécifiquement consacrée à ce dernier aspect, la communication de Claudia Ceccamore et alii (p.183-190) s’attache à un cas précis, celui du forum d’Auguste, conc,u comme un espace où donner, en grandeur réelle, une idée des volumes architecturaux (par rayon laser) et des décors (par projections photographiques) d’origine, tout en fournissant au visiteur des éléments pour comprendre la fonction des espaces qu’il parcourt.

Deux contributions concernent l’architecture palatiale. Ulrike Wulf et Alexandra Riedel (p. 220-234) présentent leurs travaux sur la partie du palais impérial connue sous le nom de ” domus Severiana“, un dédale de 186 salles disposées sur six niveaux différents; ils montrent que la combinaison entre une approche classique, l’inventaire des salles et la digitalisation en 3D permet de traiter efficacement des ensembles architecturaux dont la complexité avait jusqu’à présent découragé l’analyse. L’illustration de cette contribution, qui associe photos, plans, coupes, restitutions classiques ou tridimensionnelles, témoigne de cette approche multiple qui a permis aux auteurs de distinguer non moins de six phases à l’intérieur cet ensemble ” sévérien”.

Alessandro Viscogliosi et alii (p. 207-219) tentent, pour la première fois, la restitution en 3D de l’ensemble de la gigantesque (80 ha) domus Aurea néronienne. Au travers de la description de la construction d’un modèle évolutif, dont ils soulignent qu’il n’offre qu’une solution possible parmi bien d’autres, ils insistent sur la qualité fondamentale d’instrument de travail que celui-ci présente: il permet en effet à la fois de présenter les différents degrés de probabilité des restitutions, mais aussi plusieurs restitutions alternatives dont l’utilisateur doit toujours être en mesure de de contrôler les fondements.

Enfin, c’est dans les sous-sols du Colisée que nous entrane Heinz-Jürgen Beste, qui réfléchit à l’intégration entre méthodes traditionnelles—à partir d’exemples remontant au XVIe siècle – et nouvelles technologies (p. 202-206). Les conditions exceptionnellement difficiles de relevé de ces sous-sols ont en effet conduit l’équipe allemande à dresser d’abord un relevé graphique traditionnel, qui n’a été transformé que dans un second temps en une restitution virtuelle.

4. Digitizing the city as a whole (p. 235-282).

Avec cette partie, c’est l’ensemble de la ville de Rome, et non plus une aire ou un monument déterminé, qui est placé au centre de la réflexion sur l’apport des nouvelles technologies: comme le souligne la préface (p. 7), elle est ” at the core ” de l’ensemble du volume. Elle présente trois des programmes actuellement élaborés en milieu anglo-saxon et germanique—d’autres sont en cours d’élaboration en Italie, comme la révision de la Carta archeologica di Roma de la Soprintendenza archeologica di Roma, la Nuova Forma Urbis Romae de la Sovrintendenza archeologica comunale di Roma ou le site web Imago Urbis de l’équipe d’Andrea Carandini.

La première contribution, celle de David Koller et alii (p. 237-252) s’applique cependant à une réalité tout à fait spécifique, puisqu’elle traite de la digitalisation en 3D des quelque 1186 fragments du plan de marbre sévérien (soit 40 gigabytes de données brutes), actuellement en cours auprès de l’université de Stanford. L’objectif du programme est de répondre efficacement aux deux principaux problèmes posés par cet instrument fondamental de la topographie romaine, celui de la fragmentation et celui de l’accessibilité. Tout en mettant en garde contre une utilisation trop systématique du virtuel (l’examen des fragments réels s’imposant toujours en dernier recours), les auteurs soulignent les acquis déjà réalisés grce au programme (une douzaine de nouveaux collages) et son intérêt potentiel, tant pour le milieu scientifique que pour le grand public.

Des deux autres projets, un seul, celui de Chrystina Häuber et Franz Xaver Schütz (p. 253-269) vise, en perspective, à une étude globale, qui se place à la croisée de deux documents cartographiques bien différents, l’un très ancien—le plan de Rome de Nolli de 1748 -, l’autre très récent—la Nuova Forma Urbis Romae de la Sovrintendenza Comunale de Rome. Il s’agit, avant tout, d’un instrument de travail et de réflexion, fondé sur une localisation aussi exacte que possible des découvertes anciennes. Les auteurs illustrent ses apports potentiels par deux exemples largement développés, la restitution du tracé de la muraille servienne entre l’Esquilin et le Caelius et les problèmes posés par les restitutions du Capitole (notamment celui d’un fragment de la Forma Urbis Romae); pour cette dernière zone, il vient ainsi compléter, avec d’autres instruments, les réflexions de P. L. Tucci sur l’ arx capitolina (voir supra).

La contribution de David Gilman Romano et alii (p. 271-283) concerne également toute la ville de Rome, mais se cantonne à une époque bien déterminée. Ses auteurs retracent en effet les étapes techniques du passage d’un ouvrage sur la topographie de la ville de Rome en 14 av J.-C., Mapping Augustan Rome, produit des recherches de 12 collaborateurs principaux pendant 4 ans, à sa version digitale. Soulignant la facilité de ce passage, ils mettent en évidence les avantages du nouveau projet par rapport au livre imprimé; susceptible d’applications à d’autres époques de l’histoire de la Ville, il pourra bénéficier en temps réel de l’apport progressif de nouvelles recherches.

5. Reflections and prospects : technology past and future (p. 283-334).

Renouant passé et présent, ce dernier chapitre du volume s’ouvre par la contribution d’Andrew Wallace Hadrill (p. 285-296). Consacrée au travail de Sir William Gell, actif entre le début du XIXe siècle et sa mort, en 1836, elle nous transporte de Rome à Pompéi et, surtout, dans la campagne romaine. Au travers du portrait de cet attachant dilettante qui fut à la fois illustrateur, topographe et cartographe, il souligne l’importance de deux innovations technologiques essentielles du début de ce siècle, celle de la camera lucida et du sextant de Berge. Si la photographie était appelée à supplanter rapidement la première, ces pages témoignent du souci, encore très contemporain, de faire contribuer au progrès des études archéologiques les avancées technologiques intervenues dans des secteurs économiques ou stratégiques plus cruciaux.

Après avoir mis en perspective la première restitution de la Rome antique, celle de Pirro Ligorio de 1561, et les perplexités qu’elle suscita, vingt ans plus tard, chez Michel de Montaigne, Albert Ammerman (p.297-308) relève que, si chaque restitution correspond à une époque et à ses besoins, il est nécessaire de procéder aujourd’hui en fonction d’une approche globale, déterminée à l’intérieur d’un cadre chronologique soigneusement défini. Ses recherches sur la Rome des origines, notamment fondées sur des campagnes de carottages, s’apparentent à celles d’un géologue. Cherchant à restituer l’assiette primitive du site, tout en explorant les variations de sa topographie au fil des siècles (exemples du forum, du Capitole, du Vélabre et du cours du Tibre), il est en mesure de procéder à une critique pondérée et constructive de restitutions récentes, faites à la faveur de grandes expositions romaines (p. 303-305): cette approche met en évidence, indirectement, le statut ambigu des catalogues d’expositions rédigés par des scientifiques à l’intention du grand public, mais dans lesquels, pour des raisons de temps, de financement, ou encore par souci de séduire, la rigueur scientifique cède parfois le pas à l’imagination.

Les deux dernières contributions, qui nous mènent jusqu’à l’orée du XXIe siècle, sont des bilans tendant à souligner l’extraordinaire bond en avant réalisé tout récemment dans le domaine de la restitution tridimensionnelle. James E. Packer (p. 309-320), après avoir retracé l’histoire des restitutions d’architecture (graphiques ou maquettes) du début du XIXe siècle jusqu’à celui des années 1980, salue l’entrée dans un nouveau monde, celui des restitutions digitales en 3D, susceptibles d’intéresser directement aussi bien le grand public que les scientifiques. Principalement illustré par les impressionnantes restitutions de J. Burge, son texte est un plaidoyer convaincant en faveur de cette technologie dont il montre qu’elle peut assurer un contrôle efficace de l’information—mais aussi qu’elle est appelée à porter, à terme, à des mutations importantes dans le travail de recherche, les équipes concernées devant pouvoir se doter d’un personnel nombreux et de crédits importants.

Enfin, Diane Favro (p. 309-320) restreint le champ aux deux dernières décennies, et relève le faible intérêt suscité par les restitutions architecturales chez les archéologues post-modernes ou post-processuels. Tout en réaffirmant leur importance, aussi bien pour le public que pour les chercheurs, elle évoque trois questions qui font débat actuellement, en liaison avec le développement des nouvelles technologies: celle de la véracité, les restitutions ne pouvant fournir qu’un état des connaissances à un moment donné; celle de l’esthétique et des risques de dérive qu’elle fait courir à la restitution; celle de l’apprentissage difficile d’une vision de l’antique qui ne serait pas faussée par nos perspectives modernes.

L’épilogue succinct de Lothar Haselberger et de John Humphrey (p. 335-337) rassemble les fils multiples de ces riches contributions en mettant l’accent sur les acquis du volume, les grands axes de recherche et les questions encore ouvertes dans ce domaine en voie de mutation rapide. Il constitue donc une excellente conclusion, ouverte sur le futur, à cet ouvrage foisonnant qui mêle les approches les plus diverses, brasse les époques, et pourrait ainsi laisser le lecteur non spécialiste des questions de topographie romaine un peu désemparé – d’autant que le support papier ne rend pas forcément justice à des documents graphiques conus, pour la plupart, en fonction de l’outil informatique : de ce point de vue, il aurait été utile de fournir une liste des principaux sites web concernés, et l’adjonction d’un DVD au volume aurait sans doute permis de mieux suivre le propos des auteurs. En filigrane, tout le livre est parcouru par une double tension, renforcée par l’émulation née de la concurrence qui s’instaure inévitablement entre équipes différentes travaillant sur des projets voisins ou similaires: entre méthodes traditionnelles et technologies nouvelles, elles-mêmes en expansion rapide; entre recherche purement scientifique et souci de divulgation auprès du grand public. Tension féconde, cependant, comme le mettent en évidence nombre des contributions qu’il rassemble, puisque la qualité du travail de restitution dépend du juste dosage des différentes approches, en fonction des sites et des objectifs préalablement définis, et que la construction scientifique de l’image pourra porter à son utilisation dans le cadre d’une diffusion élargie, contribuant ainsi à une vision plus juste et mieux partagée du monde ancien. Si l’on ne peut que se réjouir de ce dernier apport, on se gardera d’oublier que l’efficacité de l’image de l’Antiquité telle que la réfléchit, notamment, le cinéma—le médium le plus volontiers mis en cause pour sa désinvolture à l’égard des realia — n’est nullement tributaire des derniers progrès de l’archéologie, et que la capacité à suggérer, à faire imaginer ou rêver, ne passe pas nécessairement par une restitution philologique rigoureuse. Sous cet aspect aussi, “reconstruction is not just an objective, positivist approach” (p.8).

Contents

L. Haselberger, Preface and Acknowledgments.

D. Palombi, Vecchie e nuove immagini per Roma augustea : flavus Tiberis e septem colles.

P. Pensabene, A. D’Alessio, L’imaginario urbano : spazio sacro sul Palatino tardo-repubblicano.

T. P. Wiseman, The cult site of Anna Perenna: documentation, visualization, imagination.

P. L. Tucci, L’ Arx capitolina : tra mito e realtà.

U. Pappalardo, A. Capuano, Immagini della città nella pittura romana : visioni fantastiche o realtà architettoniche?

C. F. Noreña, Water distribution and the residential topography of Augustan Rome.

E. A. Dumser, The AETERNAE MEMORIAE coinage of Maxentius : an issue of symbolic intent.

E. La Rocca, Passeggiando intorno ai Fori Imperiali.

R. Meneghini, I Fori Imperiali: ipotesi ricostruttive ed evidenza archeologica.

B. Frischer, D. Abernathy, F. Cairoli Giuliani, R. T. Scott, A. Ziemssen, A new digital model of the Roman Forum.

C. Ceccamore. L. Ungaro, S. Panunzi, Il virtuale nel reale: il caso del Foro di Augusto.

L. Ungaro, Comunicare i Fori Imperiali nel museo : tra immagine e integrazione reale.

H.-J. Beste, Documentazione negli ipogei del Colosseo : riflettendo su un metodo tradizionale.

A. Viscogliosi, S. Borghini, R. Carlani, L’uso delle ricostruzioni tridimensionali nella storia dell’architettura: immaginare la Domus Aurea.

U. Wulf, A. Riedel, Investigating buildings three-dimensionally: the ” Domus Severiana” on the Palatine.

D. Koller, J. Trimble, T. Najbjerg, N. Gelfand, M. Levoy, Fragments of the city : Stanford’s Digital Forma Urbis Romae Project.

C. Häuber, F. Xaver Schütz, Das Archäologische Informationssystem ROMA : Antike Strassen und Gebäude.

D. G. Romano, N. L. Stapp, M. Davison, Mapping Augustan Rome: towards the digital successor.

A. Wallace Hadrill, Roman topography and the prism of Sir William Gell.

A. Ammerman, Adding time to Rome’s imago.

J. E. Packer, Digitizing Roman Imperial architecture in the early 21st century: purposes, failures and prospects.

D. Favro, In the eyes of the beholder: Virtual Reality, re-creations and academia.

L. Haselberger, J. Humphrey, Epilogue.