BMCR 2021.01.32

History of ancient Greek scholarship: from the beginnings to the end of the Byzantine age

, History of ancient Greek scholarship: from the beginnings to the end of the Byzantine age. Leiden; Boston: Brill, 2020. Pp. viii, 709. ISBN 9789004427402. €75,00.

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Ce livre est une réédition, actualisée et augmentée, des quatre premiers chapitres du Brill’s companion to ancient Greek scholarship (2015),[1] qui en constituaient la partie historiographique, depuis la Grèce préhellénistique jusqu’à la chute de Constantinople. Largement conçus suivant une méthode biobibliographique, avec une présentation le plus souvent chronologique des différents érudits anciens qui ont travaillé d’une manière ou d’une autre sur le langage, sur la grammaire, sur l’exégèse textuelle, etc., ces chapitres ont été rédigés par Anna Novokhatko (« The Origins and Growth of Scholarship in Pre-Hellenistic Greece », p. 9-131 du présent volume, correspondant au chapitre intitulé « Greek Scholarship from its Beginnings to Alexandria » du premier volume du Brill’s companion de 2015, p. 3-59), Fausto Montana (« Hellenistic Scholarship », p. 132-259 ; cf. Brill’s companion, I, p. 60-183), Stephanos Matthaios (« Greek Scholarship in the Imperial Era and Late Antiquity », p. 260-372 ; cf. Brill’s companion, I, p. 184-296), et Filippomaria Pontani (« Scholarship in the Byzantine Empire [529-1453] », p. 373-529 ; cf. Brill’s companion, I, p. 297-455). En termes de diffusion auprès du grand public cultivé, ces quatre chapitres méritaient d’être rassemblés en un seul volume, et d’être ainsi proposés à un prix bien plus abordable que le Brill’s companion (408 € pour les deux volumes du Brill’s companion) : grâce à ce nouveau livre, ils constituent désormais, à eux quatre, le seul recueil systématique et à jour de l’histoire de l’érudition philologique grecque, depuis les origines jusqu’à la chute de l’Empire byzantin. Un tel empan chronologique n’avait plus été couvert depuis le premier tome de la somme en trois volumes sur l’histoire de la philologie classique produite au début du siècle dernier par John Edwyn Sandys.[2] Dans son compte rendu de ce premier tome, Théodore Reinach signalait qu’il était « évidemment impossible à un seul savant de traiter de première main un sujet aussi vaste que celui qu’a choisi M. Sandys ».[3] De ce point de vue, le choix qui a été fait ici d’un ouvrage à quatre mains sur les quatre périodes étudiées était certainement judicieux.

Dans la mesure où ce volume est une réédition des premiers chapitres du Brill’s companion de 2015, il ne nécessite pas un compte rendu du même ordre que celui d’un livre nouveau : nous nous limiterons à signaler ci-dessous les principales modifications apportées à la version originale dans cette nouvelle édition.

Une introduction synthétique mais néanmoins substantielle de son éditeur scientifique, Franco Montanari, présente les enjeux de ce nouvel ouvrage (p. 1-8). Franco Montanari rappelle en premier lieu comment, au sein du champ des études anciennes, l’histoire de la philologie s’est révélée l’une des innovations les plus profondes connues dans les dernières décennies du siècle dernier, en particulier depuis la publication de l’History of classical scholarship from the beginnings to the end of the Hellenistic age de Rudolf Pfeiffer (Oxford, Clarendon Press, 1968), prolongée un quart de siècle plus tard par celle d’« entretiens » de la fondation Hardt sur la philologie grecque à l’époque hellénistique et romaine[4]. Franco Montanari consacre la suite de son introduction à rappeler quelques concepts fondamentaux destinés à permettre d’évaluer les progrès accomplis en un demi-siècle depuis la parution du livre de Rudolf Pfeiffer.

Les quatre chapitres qui constituent le corps de l’ouvrage ont connu des remaniements divers par rapport à leur première publication. Les trois derniers se limitent à un simple « toilettage » du texte publié en 2015 : diverses mises à jour bibliographiques, plusieurs modifications dans la hiérarchisation des titres ou des intertitres généralement non accompagnées d’une révision conséquente du corps du texte, etc. En revanche, celui d’Anna Novokhatko sur l’époque préhellénistique, seul article à avoir changé de titre, a donné lieu à plusieurs compléments d’importance, et sa longueur a été quasiment doublée par rapport à la version d’origine. Ces compléments sont d’autant plus appréciables qu’ils permettent à ce premier chapitre, nettement plus succinct que les trois suivants dans le Brill’s companion, d’offrir désormais une ampleur d’information comparable à celle des autres périodes traitées ensuite. À côté de plusieurs ajouts relativement brefs (p. 11-12, etc.), mais aussi, le cas échéant, de plusieurs paragraphes supprimés ou condensés en note de bas de page (ainsi, tout un paragraphe de la page 9 de la version de 2015 se trouve résumé p. 14 n. 35 de la nouvelle version), on note la présence de longs développements soit entièrement nouveaux, soit profondément augmentés par rapport au texte d’origine. Cela peut déjà être observé dans les deux premières parties du chapitre, en particulier aux pages 15-20 sur le travail du scribe et sur la réforme orthographique de 403/402 av. J.‑C. à Athènes (beaucoup plus brièvement traitée en 2015, p. 11-12). Mais c’est surtout dans la troisième et dernière partie consacrée aux approches philologiques dans la Grèce pré-alexandrine (p. 37-131) que des modifications considérables ont été apportées. Si, en toute fin d’article, les paragraphes sur Platon, sur Aristote et sur la philologie de l’école péripatéticienne (p. 113-131) sont restés quasiment identiques à ceux de la version d’origine (p. 42-59), le reste de cette troisième partie (p. 37-113), en revanche, est presque entièrement nouveau par rapport à sa version fort succincte de 2015 (p. 28-42 seulement). Les exposés sur les présocratiques puis les sophistes ont été considérablement revus et augmentés. La section 3.2 sur les débuts de la critique textuelle et de l’édition homériques a été retravaillée à nouveaux frais (« The Beginnings of Homeric Textual Criticism and Editing », p. 41-63, vs p. 30-32 de la 1re édition). La section 3.4 (« Fundamental Notions of Language Categories », p. 93-110) est presque intégralement nouvelle : elle est consacrée à des questions relatives à la pensée grammaticale des présocratiques et des sophistes (Héraclite, Protagoras et Gorgias en particulier) telles que celle de la « rectitude des noms » (ὀρθοέπεια) chez Protagoras, en complément des questions plus philologiques qui sont abordées dans la section précédente (« Early Text Exegesis and Literary Criticism », p. 63-93, section elle-même très largement augmentée par rapport au Brill’s companion) à propos de présocratiques et de sophistes (du côté des présocratiques, on peut y noter aussi la présence d’un exposé circonstancié sur le poète comique Épicharme p. 74-81). Cet intérêt accru accordé aux idées philologiques et linguistiques des présocratiques et des sophistes, ainsi qu’à l’exégèse homérique, permet ainsi de rééquilibrer et d’unifier la présentation des quatre périodes traitées par rapport à la version de 2015.

L’ouvrage se termine par une imposante bibliographie (p. 531-650) et par deux index fort utiles (index général et index des passages).

Ainsi, l’étude d’Anna Novokhatko présente dans ce volume remplace avantageusement celle, déjà utile mais bien plus succincte, du Brill’s companion. Il faudra la consulter et la citer de préférence à la version précédente. Cela est moins vrai des trois études suivantes, dont il est pratique de pouvoir disposer désormais dans un format maniable et sous la forme d’un livre financièrement plus accessible aussi bien aux bibliothèques universitaires qu’aux simples particuliers, mais qu’il reste possible, à nos yeux, de citer indifféremment d’après l’une ou l’autre édition, même si le recours à cette nouvelle édition, un peu plus à jour d’un point de vue bibliographique, doit être malgré tout recommandé prioritairement.

Authors and titles

Introduction, Franco Montanari
Chapter 1 The Origins and Growth of Scholarship in Pre-Hellenistic Greece, Anna Novokhatko
Chapter 2 Hellenistic Scholarship, Fausto Montana
Chapter 3 Greek Scholarship in the Imperial Era and Late Antiquity, Stephanos Matthaios
Chapter 4 Scholarship in the Byzantine Empire (529–1453), Filippomaria Pontani

Notes

[1] Franco Montanari, Stephanos Matthaios et Antonios Rengakos (éd.), Brill’s companion to ancient Greek scholarship. (Leiden; Boston, Brill, 2015. 2 volumes, xx, 1504 p.).

[2] John Edwyn Sandys, A history of classical scholarship. I, From the sixth century B.C. to the end of the Middle Ages(xxiii, 671 p.) ; II, From the revival of learning to the end of the eighteenth century (in Italy, France, England and the Netherlands) (xxviii, 498 p.) ; III, The eighteenth century in Germany, and the nineteenth century in Europe and the United States of America (xiii, 523 p.). (Cambridge, University Press, 1903-1908).

[3] Revue des études grecques, 19, 1906, p. 72-73.

[4] La philologie grecque à l’époque hellénistique et romaine : sept exposés suivis de discussions par Nicholas J. Richardson, Jean Irigoin, Herwig Maehler, Renzo Tosi, Graziano Arrighetti, D. M. Schenkeveld, Carl Joachim Classen, Vandœuvres – Genève, 16-21 août 1993. Entretiens préparés et présidés par Franco Montanari, Entretiens sur l’Antiquité classique, xl, (Fondation Hardt, Genève, 1994).