BMCR 2020.05.10

Garanten der Herrschaft Die Prozessionen der Kas und Hemusut in den Tempeln der griechisch-römischen Zeit. Soubassementstudien VI

, Garanten der Herrschaft Die Prozessionen der Kas und Hemusut in den Tempeln der griechisch-römischen Zeit. Soubassementstudien VI. Studien zur spätägyptischen Religion. Wiesbaden: Harrassowitz Verlag, 2018. ix, 390 p.. ISBN 9783447197564. €98,00.

Inhaltsverzeichnis

Proposant une édition qui se veut exhaustive et fondée sur une documentation de qualité, Bettina Ventker translittère, traduit et commente les inscriptions hiéroglyphiques relatives aux porteurs d’offrandes-Ka et -Hemouset défilant sur les soubassements de temples d’époque gréco-romaine. Son but est double : d’une part, analyser la fonction de ces deux catégories complémentaires de génies, largement ignorées de la recherche égyptologique et qu’il ne s’agit pas de réduire à une fonction économique, comme l’annonce le titre ; d’autre part, contribuer à l’étude du décor des soubassements, en s’inscrivant ainsi dans le cadre du projet « Le temple comme canon de la littérature religieuse de l’Égypte » de l’Académie des Sciences de Heidelberg.

1. Einführung (pp. 1-18). L’introduction définit les génies-Kas (pp. 3-9) et -Hemouset avant de les replacer dans le contexte monumental qui les encadre à partir du règne de Ptolémée VIII. Des sources religieuses antérieures les évoquent isolément ou par ensembles, en particulier le groupe des 14 Kas associé au dieu solaire Rê, tel qu’il a été étudié par Benedikt Rothöhler en 2008 et solidement nuancé ensuite par Bettina Ventker (pp. 10-12), et l’association des Hemousout à la déesse Neith (pp. 12-18).

2. “Kas und Hemusut in den Soubassements” (pp. 19-68). Les défilés des Kas et des Hemousout (celles-ci étant plus rares) figurent comme porteurs d’offrandes sur les parois externes des naos, pronaos, pylônes (sauf trois exceptions). Ce chapitre 2 en analyse rigoureusement les caractéristiques et variations en mettant en valeur les scènes d’introduction de ces processions.

3. “Die Inschriften der Soubassement-Prozessionen” (pp. 69- 210). Bettina Ventker reconnaît une structure rédactionnelle de base dans les inscriptions qu’elle a réunies. Les génies sont appréhendés, cette fois isolément, à travers une présentation synoptique et critique des sources relatives à chacun d’eux, respectivement translittérées, traduites et commentées.

4. “Synthese : Die Kas und Hemusut in den Soubassements” (pp. 211-238). Il se confirme que les Kas des soubassements relèvent du groupe des 14 Kas de Rê, dont la liste habituellement utilisée depuis Budge est à corriger. La paire de défilés des Kas et des Hemousout s’avère clairement canonique pour l’ensemble des temples tardifs. Les dons apportés, à côté d’aliments généraux, se constituent d’objets spécifiques, parmi lesquels figurent divers symboles de pouvoir et de protection (p. 218-219). Kas et Hemousout personnifient la fécondité et contribuent au rayonnement de la souveraineté.

5. “Kas und Hemusut in anderen Kontexten” (pp. 239-340). Les Kas peuvent par ailleurs être objets d’offrandes ; avec les Hemousout, ils interviennent dans le cycle de naissance ; leur groupe de 14 est associé aux Bas de Rê dans le complexe solaire du temple de Ramsès III à Médinet Habou, ou encore, dans les sources de l’époque gréco-romaine, subordonné à Rê, il peut être représenté sur les parties élevées du temple et être bénéficiaire du rituel.

6. “Schlussbemerkung” (pp. 341-344). L’abondance et la diversité des sources ont conduit l’auteur à concentrer sa recherche sur le rôle des deux groupes de génies dans les processions des soubassements et ainsi sur le concept du ka comme force originelle divine et créatrice associée à la fonction royale tant chez les dieux qu’ici-bas.

L’ouvrage est assorti d’un index des sources, d’un index thématique allemand, d’un glossaire égyptien, et de quatre planches permettant de resituer les défilés de Kas et de Hemousout dans les plans des temples.

Dans cette riche étude fourmillent les observations de détail, dont certaines invitent naturellement le lecteur à de nouvelles questions. Ainsi, lorsque l’auteur évoque le nombre des Kas et signale que quatorze symbolise la totalité, par référence au nombre théorique des membra disjecta d’Osiris selon Plutarque De Iside 42-43. Or, plusieurs nombres se réfèrent à la totalité, comme le signale Jean- Claude Goyon[1]; il serait intéressant de contextualiser systématiquement les diverses combinaisons numériques.

En conclusion, tout en facilitant l’accès à une documentation ardue, cette belle monographie séduit par sa rigueur, sa clarté, la qualité de sa présentation, la richesse de ses commentaires. C’est sans conteste un ouvrage indispensable dans toute bibliothèque centrée sur la théologie égyptienne ainsi que sur l’analyse des temples.

 

[1] J.-Cl. Goyon, “Nombre et univers : réflexions sur quelques données numériques de l’arsenal magique de l’Égypte pharaonique », dans A. Roccati & A. Siliotti, La Magia in Egitto ai tempi dei faraoni, (Atti Convegno internazionale di studi Milano 29-31 Ottobre 1985 (Milan 1987), 57-76.