BMCR 1996.06.05

1996.06.05, Sesto Empirico: Contro gli Etici

, Sesto Empirico: Contro gli Etici. Napoli: Bibliopolis, 1995. Pp. 450. £60,000.

Dans le cadre de la renaissance actuelle des études sur la philosophie hellénistique, 1 Emidio Spinelli vient d’achever une traduction italienne et un commentaire de l’Adversus Ethicos (=Adversus Mathematicos XI) de Sextus Empiricus. Il s’agit d’un travail important à divers égards. Comme S. l’observe dans l’introduction, les interprètes se sont servis souvent de l’AE, mais de façon partielle et inadéquate. Ils l’ont considéré comme l’oeuvre d’un copiste et d’un compilateur de la tradition sceptique antérieure, fort importante comme source relative aux doctrines morales de l’antiquité, mais sans aucun intérêt intrinsèque. L’existence d’exceptions à cette attitude interprétative 2 n’empêche que ‘a tutt’oggi non esiste alcuna trattazione specifica, monografica del Contro gli etici’ (p. 11). S. à comblé cette lacune par un commentaire detaillé qui vient s’ajouter à une traduction italienne claire et exacte de l’AE.

Les notes sont réparties en deux sections. La section A regroupe les remarques historico-philosophiques. S. se propose:

(a) d’exposer les lignes de l’argumentation de Sextus;
(b) d’examiner les citations des doxai dogmatiques et d’identifier la structure propre de la polémique de Sextus dans l’organisation même du matériel qu’il utilise;
(c) d’éclaircir, dans les limites qu’impose le petit nombre des textes à notre disposition, la question des sources de son oeuvre, notamment en ce qui concerne la relation avec Enésidème;
(d) d’interpréter l’AE dans le contexte général de la production de Sextus et du programme anti-dogmatique qui lui est propre;
(e) de souligner la différence qui sépare l’argumentation de Sextus de certaines formes sceptiques propres à la philosophie morale contemporaine (p. 17-19).

Les remarques plus spécifiquement philologiques sur la langue et sur l’état du texte se trouvent dans la section B du commentaire.

Dans la mesure oú il est impossible de rendre compte ici exhaustivement du travail de S., je me bornerai à quelques points qui me paraissent figurer parmi les plus intéressants.

S. dégage certains caractères constants de l’attitude philosophique de Sextus, qu’on peut résumer de la manière suivante.

(a) La démarche ‘parasitaire’: comme S. l’observe à propos de la classification des choses bonnes, mauvaises et indifférentes que l’on trouve au chapitre 2. 3-20, Sextus ne revendique aucun corpus de doctrines proprement sceptiques. Son activité philosophique parasite complètement le travail et se greffe sur les classifications dogmatiques, qui constituent le terme de reférénce préalable qui permet à l’argumentation sceptique de se déployer (p. 145). Cette démarche s’étend aux instruments mêmes de la polémique: souvent la tradition sceptique, et Sextus en particulier, n’hésitent pas à exploiter, à l’intérieur de l’argumentation antidogmatique, les doctrines propres de certaines écoles, 3 sans y adhérer pour autant ‘positivement’.

(b) Dans le chapitre 2. 18-20, Sextus distingue deux significations du verbe ‘être’: l’une qui indique l’existence ((/UPARCIS), l’autre qui indique l’apparence (φαίνεσθαι). Cela donne à S. l’opportunité de developper des remarques sur le langage en tant qu’il nous permet d’exprimer nos affections (πάθη) et sur la manière sceptique d’échapper aux deux conclusions